CONCLUSION

Les textes évangéliques présentent la personne de Jésus, à la fois sujet de perfections et d’imperfections. Le Christ, dans les Écritures, est le Fils de Dieu venu apporter le règne de Dieu sur terre et ses œuvres, ses paroles témoignent de sa divinité. Il est doté d’une connaissance extraordinaire d’origine divine et on lui attribue une certaine vision béatifique. Jésus est aussi limité dans sa condition d’homme, source de sa souffrance et de ses hésitations. Pire, le Fils de Dieu ignore même le jour du jugement. Pour comprendre cette unité des contraires en Jésus, la meilleure voie est de tenir et l’humanité et la divinité. L’union hypostatique qui est l’union sans confusion ni mélange de ces deux natures en Christ permet de mieux comprendre le mystère du Verbe Incarné. De cette thèse, on déduit deux volontés et deux sciences en Jésus. Dans sa kénose, le Fils a renoncé à l’exercice de sa science divine qu’il possède par essence, pour penser et agir avec une intelligence humaine, preuve d’une existence humaine authentique. Dans cette intelligence, les théologiens distinguent la vision béatifique, la science infuse et la science acquise. Dans la psychologie de Jésus, ces sciences agissent harmonieusement sans distinction et sans hésitations l’une de l’autre. La vision immédiate, la conscience que le Fils a de sa divinité n’exclut pas sa souffrance, ses hésitations et sa nescience. Le caractère ineffable de cette vision requiert la science infuse qui renferme le nécessaire pour la mission de Jésus. La science acquise elle, confirme la réelle condition humaine de Jésus.

La kénose dans ses aspects permet de concilier en la personne du Verbe Incarné, les apparentes contradictions. La kénose comme dépouillement du Christ de sa gloire, pour éprouver la vie de serviteur, explique bien les hésitations, la souffrance du Verbe dans la faiblesse de sa chair. Elle implique aussi une science kénotique qui justifie pleinement la nescience du Fils de Dieu même au sujet de la parousie. Enfin l’aspect de l’obéissance de Jésus au Père dans sa mission, une autre dimension de la kénose, exige qu’il ne veuille savoir du Père que tout ce qui est inhérent à sa fonction sur terre. Voilà pourquoi, par rapport à sa mission, on parle de l’être fonctionnel et de l’être ontologique du Christ.

La réflexion christologique, de nos jours, a explicité la thèse de l’union hypostatique qui résout pas mal de problèmes autour de Jésus. Mais malgré les efforts, le Christ demeure un mystère que la pensée humaine ne saurait enserrer. D’où la nécessité pour les théologiens de savoir toujours s’incliner devant sa grandeur.

 

Abbé Apollinaire DIBENDE
Archidiocèse de Ouagadougou
Janvier 2004