Les hommes ont toujours prié.

Prier c’est d’abord adresser à Dieu une demande, en insistant : Je t’en prie. La prière est normale ; elle est conforme à notre condition de créature.

La prière se manifeste extérieurement par des gestes, des signes.

En Asie, on offre des bâtonnets d’encens ou des fruits en l’honneur des ancêtres. Dans les temples bouddhistes certains inscrivent sur des plaquettes les faveurs qu’ils sollicitent.

En Afrique, on offre un sacrifice (poulet, chèvre) aux esprits pour qu’ils soient favorables.

En Amérique Latine, on organise de grandes fêtes populaires en l’honneur des saints. On vénère leurs statues. On retrouve un mélange de rites indiens et africains.

Ce que n’est pas la prière

La prière païenne, consiste à vouloir faire pression sur Dieu (1Sam 4, 1-4). On espère le faire plier par un rite magique (peut-être réalisé par un sorcier). Ou encore on cherche à tromper les esprits et ainsi leur arracher par ruse une faveur. Cette manière de faire est à l’opposé de la prière chrétienne. C’est comme si on disait : « Que ma volonté soit faite … » On voudrait se mettre à la place de Dieu, ce qui serait scandaleux.

La vraie prière de demande

Dieu veut notre bien. Il sait ce qui est le meilleur pour nous. Il voit les choses à long terme, c'est-à-dire en vue du ciel.

Il a donc décidé depuis toujours de nous donner ce qui nous convient. Mais il veut que nous lui demandions cela dans la prière. Donc, lorsque nous prions, nous entrons dans son plan. Et après cette prière Dieu nous donne ce qu’il a décidé.

Mais nous ne savons pas clairement si notre demande est conforme au projet de Dieu. Aussi nous devons toujours nous soumettre d’avance à sa décision. Je te demande telle chose, si c’est bien cela que tu veux pour moi. J’accepte avec amour ce que tu vas me donner et déjà je te remercie.

La prière dans la bible

Dans la Bible on lit beaucoup de prières de supplication : Abraham prie pour les villes pécheresses (Gen 18). Moïse intercède pour le peuple (Ex 32, 31 ; Nombres 14, 13-19 ; Deut 9, 26 ; 10, 10-11). Il prie sur la montagne pendant que les soldats combattent (Ex 17). Beaucoup de psaumes sont des prières de demande (25, 28), ou même d’indignation : Seigneur, pourquoi dors-tu ? (44, 24).

Jésus a beaucoup prié : pour ses apôtres (Luc 6, 12 ; Jean 17, 9) ; pour Simon, en particulier (Luc 22, 32) ; pour tous ceux qui croiraient en lui (Jean 17, 20). Il a surtout prié pour tous les hommes, sur la croix. Et Marie, devenue Mère, a prié et souffert aussi pour nous.

Saint Paul a le souci de toutes les Églises (2 Cor 11, 28 ; Eph 1, 16 ; Col 1, 9). Il recommande de prier en tout temps (Eph 6, 18 ; 1Thes 5, 17) pour tous les hommes, par des prières d’intercession et d’action de grâce (1Tim 2, 1-4).

Jésus nous demande de prier

Afin que Dieu soit servi et glorifié par les hommes : Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne, que ta volonté soit faite …

Afin que Dieu prenne soin de nous : Donne-nous aujourd’hui notre pain … Pardonne-nous … Délivre-nous …

Priez le Maître de la moisson (Marc, 10,1-9)

- Il faut prier, même si, bien sûr, Dieu connaît d’avance nos besoins (Mat 6,32).

- Il faut prier avec persévérance, sans se décourager « Demandez et on vous donnera (Luc 11,9). Prier sans cesse (Luc 18,1), jour et nuit (18,7), en tout temps (21,36). »

Dieu s’intéresse-t-il a nos besoins quotidiens ?

Dieu connaît nos besoins. "Dieu veille sur ceux qui le craignent" (Ps 33, 18 ; Mat 7, 9-11). Il s’occupe toujours de nous, parfois de façon étonnante. C’est ce qu’on appelle la Providence. Il mène les événements de façon à ce que nous ayons ce qu’il nous faut. « Avez-vous manqué de quelque chose ? » dit Jésus à ses apôtres. Ils répondirent : « Non, de rien » (Luc 22, 35). Il faudrait que nous fassions davantage attention à tout ce que Dieu nous a donné : famille, éducation, nourriture, l’eau, le soleil, etc. … Savoir dire merci pour tout. Peut-être sommes-nous aveugles.

Souvent Dieu ne donne pas ce qu’on lui demande

Mais un problème se pose : Il y a des cas où l’on n’obtient pas des choses pourtant nécessaires, comme la santé. Des gens disent : J’ai beaucoup prié, mais je n’ai pas reçu ce que j’avais demandé. Est-ce à Dieu de changer ? N'est-ce pas à nous de nous adapter à son projet ?

Cependant on ne prie jamais en vain. Dieu donne toujours quelque chose, mais pas nécessairement ce que nous désirions. Souvent c’est mieux que ce que nous avions demandé. Par exemple, quelqu’un priait pour sa guérison. Il n’a pas été guéri, mais Dieu lui a donné une grande paix et la force de supporter son mal. Dieu a jugé que c’était cela qu’il lui fallait.

Dieu est déroutant. Il a des dons très grands à nous faire, alors que nous nous contentons de miettes.

Si nous entrons dans un chemin de prière, nous ne sommes plus les mêmes. Nous prenons consciences de notre petitesse ; nous devenons plus disponibles. Notre confiance grandit. Dieu élargit notre cœur pour qu’il soit ouvert à la grâce. Il nous transforme à son image. Nous devenons des hommes nouveaux.

Que faut-il demander ?

« Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît » (Mat 6, 33).

« Demandez les grandes choses ; les petites vous seront données par Dieu » (St Clément d’Alexandrie).

On ne demande pas n’importe quoi, des choses insignifiantes. Il faut chercher ce qu’il y a de meilleur. « Votre Père du ciel donnera de bonnes choses à ceux qui les lui demandent » (Mat 7, 11). Quelles sont ces « bonnes choses » ? Saint Luc (11, 13) nous l’explique : c’est l’Esprit Saint. En réalité qu’est-ce que je cherche au fond de moi ? Dieu lui-même, Dieu présent dans mon cœur, Dieu au milieu de mes soucis, de mes souffrances. Sa présence change beaucoup de choses.

En définitive, ce qu’il faut désirer, c’est l’union à Dieu lui-même et ses dons spirituels. Le Créateur et non pas les créatures. Les plus grands biens de la terre ne sont rien à côté de Dieu.

La prière d’intercession

Un des signes que la prière est bonne, c’est son ouverture aux autres. Est-ce que notre prière fait une place suffisante aux nécessités de notre entourage ? Est-elle branchée sur les grands besoins du monde ? Et également sur toutes les souffrances cachées de ceux qui manquent d’amour et qui ont perdu l’espoir ?

Mais le plus grand malheur, c’est le péché. Il faut prier pour ceux qui vivent dans le mal et y sont tellement enfoncés qu’ils n’ont plus la force ni le désir d’en sortir.

Jésus a passé une nuit entière avant de choisir ses apôtres. Intercéder auprès de Dieu, demeurer immobile dans la prière fait partie de notre mission. La maman qui prie pour ses enfants, pour qu’ils reviennent à la foi, ou pour que Dieu choisisse parmi eux un prêtre, remplit pleinement sa tâche.

Supplions le Seigneur. Si nous baissons les bras, l’humanité ira plus mal et ce sera en partie de notre faute. La prière est le contre poison du péché. Elle est l’oxygène du monde, qui étouffe à cause de la course à l’argent et à la technique. Les priants ont un rôle irremplaçable dans l’écologie du Corps Mystique.

Quelle est la meilleure manière de prier ?

Avoir un cœur humble

Chez les hommes qui prient, la parole et la demande doivent être paisibles et modestes. Pensons que nous sommes en présence de Dieu. Il faut que le regard divin trouve plaisir à l’attitude du corps et au ton de la voix. Le Seigneur nous ordonne de prier dans le secret, dans des lieux cachés et retirés, ou simplement dans notre chambre.

« Dans le temple, à côté du pharisien, le publicain priait. Il ne levait pas les yeux avec effronterie, il ne tendait pas les mains avec insolence. Il se frappait la poitrine, il reconnaissait ses péchés intérieurs et cachés, il implorait le secours de la divine miséricorde … et sa prière fut exaucée par celui qui pardonne aux humbles » (St Cyprien).

Nous aussi, gardons-nous d’exiger de Dieu des garanties (Judith 8, 14-18). Ayons un profond sentiment de notre misère. Quand nous prions sincèrement, nous devenons humbles, notre cœur fond d’amour. Prier, c’est être prêt à recevoir les dons que Dieu a prévus pour nous ; accueillir ce qu’il nous donne, comme il le donne.

Prier avec confiance

« Le Seigneur est avec moi pour me défendre.
Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur
Que de compter sur les hommes
» (Ps 118, 6-9)
« Dieu est mon rocher, mon salut,ma forteresse » (Ps 62, 2).

Jésus demande à ses disciples une confiance absolue dans le Père du ciel : « Ayez foi en Dieu … Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu et cela vous sera accordé » (Marc 11, 22-24). Il va jusqu’à leur reprocher d’avoir manqué de foi parce qu’ils n’ont pas pu guérir un possédé (Marc 9,19).

Il leur propose comme modèle les enfants (Mat 18, 3). Telle doit être notre attitude avec le Père du ciel : confiance et amour.

Remercier

Voilà ce qui est important. Beaucoup demandent mais oublient de remercier… Par là, ils semblent considérer que ce qu’ils ont reçu leur était dû. Lorsque Jésus guérit les 10 lépreux, un seul pense à revenir lui dire merci. Jésus souligne combien leur attitude n'est pas correcte (Luc 17, 17).

Si on ne remercie pas pour les dons visibles, faciles à constater, à plus forte raison on négligera de remercier pour les grâces spirituelles, pourtant les plus importantes, puisqu’elles nous font ressembler à Dieu.

La prière nous rend plus attentifs aux innombrables cadeaux dont Dieu nous comble chaque jour et que nous ne voyons plus, tellement nous y sommes habitués. Or, tout vient de lui : « Qu’as-tu que tu n’aies pas reçu ? » (1Cor 4, 7).

Donc la supplication doit toujours être accompagnée d’action de grâce (Phil 4, 6). Quand on dit « S’il te plaît », ne pas oublier d’ajouter aussitôt « Merci ». « Car éternel est son amour ». (Ps 118 et 136).

Pour bien remercier, il est important de savoir se taire, regarder, méditer, comme Marie. Prier sans cesse, c’est être attentif à tout ce que Dieu fait en nous et autour de nous.

Est-ce que nous voyons assez tous les signes que Dieu nous envoie ? Est-ce que nous écoutons les réponses qu’il nous donne de multiples manières ?

Par Jésus Christ

Enfin, notre prière doit passer par le Christ qui s’est fait homme : il est devenu notre intercesseur, notre avocat. « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom il vous le donnera » (Jean 15, 16).

Toute prière humaine est appelée à entrer dans la grande prière de Jésus qui présente à son Père les besoins de des hommes. C’est pourquoi l’Église conclut ses demandes par ces mots : « Par Jésus Christ, notre Seigneur ».

Abbé Yves JAUSIONS
Diocèse de Rennes, FRANCE
Dans : Oraison sans frontières, 2006.

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