NE PAS JETER DE PIERRES

5ème dimanche de carême – Année C

En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu,
et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »  (Jn 8, 1-11)

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

Dans toute société, il existe des modèles de conduite qui, explicitement ou implicitement, façonnent le comportement des personnes. Ce sont des modèles qui déterminent dans une large mesure notre façon de penser, d'agir et de vivre.

Considérons le système juridique de notre société. La coexistence sociale est régie par une structure juridique qui dépend d'une certaine conception de l'être humain. Par conséquent, même si la loi est juste, son application peut être injuste si elle ne tient pas compte de chaque homme et de chaque femme dans leur situation personnelle unique et non reproduisable.

Même dans notre société pluraliste, il est nécessaire de parvenir à un consensus qui rende la coexistence possible. Pour cette raison, un idéal juridique du citoyen a pris forme, porteur de droits et sujet d'obligations. Et c'est cet idéal juridique qui est en train de s'imposer à la société avec la force de la loi.

Mais cette organisation juridique, qui est sans doute nécessaire à la coexistence sociale, ne peut pas appréhender de manière adéquate la vie concrète de chaque personne dans toute sa complexité, sa fragilité et son mystère.

La loi s'efforcera de mesurer chaque personne de manière juste, mais elle peut difficilement traiter chaque personne dans chaque situation comme un être concret qui vit et souffre sa propre existence de manière unique et originale.

Comme il est facile de juger les gens selon des critères sûrs. Comme il est facile et injuste de faire appel au poids de la loi pour condamner tant de personnes marginalisées, incapables de vivre intégrées dans notre société, selon la "loi du citoyen idéal" : des enfants sans véritable foyer, des jeunes délinquants, des vagabonds, des analphabètes, des toxicomanes sans espoir, des voleurs sans possibilité de travail, des prostituées sans aucun amour, des maris qui ont échoué dans leur amour conjugal…

Face à tant de condamnations faciles, Jésus nous invite à ne pas condamner froidement les autres à partir de la pure objectivité d'une loi, mais à les comprendre à partir de notre propre conduite personnelle.

Avant de jeter la pierre à qui que ce soit, nous devons savoir juger notre propre péché. Peut-être découvrirons-nous alors que ce dont beaucoup de gens ont besoin, ce n'est pas de la condamnation de la loi, mais de quelqu'un qui les aide et leur offre une chance de se réinsérer. Ce dont la femme adultère avait besoin, ce n'était pas de pierres, mais d'une main secourable pour l'aider à se relever. Jésus l'a comprise.

 

Auteur : José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna, csv

Suivez-nous sur Facebook