NB: Cet article fait suite aux articles suivants :
- Le préservatif n'est pas efficace à 100% (preuves scientifiques)
- Le caractère immoral de la propagande du préservatif et son usage

Dans la perspective d'une approche globale selon l'Evangile des multiples défis suscités par le SIDA, Jean Paul II affirme : « Les membres de l'Eglise continueront de jouer le rôle qui leur revient en prenant soin, de ceux qui souffrent, ainsi que Jésus a enseigné à ses disciples de le faire (cf. Mt 25, 26), et en encourageant une prévention respectueuse de la dignité de la personne humaine et de sa destinée transcendante.

L'Eglise est convaincue que, sans retour au sens de la responsabilité morale et à la réaffirmation des valeurs morales fondamentales, tout programme de prévention basé sur la seule information sera inefficace et même obtiendra l'effet contraire. Plus dangereuses encore sont les campagnes qui encouragent implicitement, par leur manque de contenu moral et la fausse sécurité qu’elles offrent, des modèles de comportement qui ont grandement contribué à l'extension de la maladie » [1].

Dès lors on perçoit l'urgence et l'impérieuse nécessité de travailler à la récupération des valeurs morales fondamentales si on entend œuvrer efficacement à la prévention du SIDA.

Le discours sur la prévention du SIDA exige la considération d'une vision intégrale de la personne humaine, vision qui respecte sa dignité et sa vocation surnaturelle. « Il serait affligeant, font remarquer les Evêques Irlandais, que la réponse à la grave menace du SIDA soit purement et simplement réduite à un débat sur la vente des seringues ou la facilité à se procurer des préservatifs... Les problèmes posés sont bien plus fondamentaux et il faut les traiter avec honnêteté » [2].

Par conséquent, « on ne peut donc attendre de l'Eglise Catholique romaine qu'elle apporte son soutien à des mesures qui acceptent tacitement les relations sexuelles en dehors du mariage, même si elles ne les encouragent pas. Le faire reviendrait à être inconséquent. Cela appauvrirait notre témoignage primordial sur la vision chrétienne de l'amour humain et du mariage. Nous ne pouvons pas non plus accepter que les célibataires n'aient pas d’autres choix que les préservatifs ou la contagion. Il existe une troisième voie : refuser de s'engager dans des relations sexuelles en dehors du mariage. Une telle autodiscipline n’est pas psychologiquement destructrice, mais peut être l’affirmation positive d'un idéal radical, exigeant, mais qui n'est pas impossible » [3].

La prévention de la galopante diffusion du SIDA (et des maladies sexuellement transmissibles, M.S.T.) exige une authentique éducation sexuelle. Le SIDA en effet, révèle un mal plus profond. Il est un signal d’alarme d'une très préoccupante crise des valeurs essentielles.

Dans ce sens Jean Paul II écrit : « Il faut donc comprendre ce que révèle cette maladie : à côté du problème biomédical, il apparait ce que j'ai appelé « une sorte d’immunodéficience sur le plan des valeurs essentielles ». Informer sur les risques d'infection et organiser une prévention d'un point de vue strictement médical, cela ne serait pas digne de l'homme si on ne l'appelait pas à retrouver les exigences de la maturité affective et d'une sexualité ordonnée. La pastorale de l'Eglise est confrontée, face au SIDA, à éduquer, en n’acceptant pas que le problème soit traité au mépris de l’éthique, car alors l’origine du mal n’est ni comprise ni combattue » [4].

Dans cette perspective, l'éducation sexuelle visera à susciter chez les sujets de profondes convictions relatives au sens et à la signification de la sexualité située dans une vision globale de la personne humaine et de sa destinée surnaturelle.

En mettant ainsi en œuvre une éducation qui favorise la naissance de profondes convictions chez les sujets pour l'autocontrôle et l’autodiscipline, on participe à l’édification de personnalités capables de réagir face aux impulsions de l’instinct et des sollicitations externes et dans le sens de la pleine maturité humaine et évangélique. Ceci est la meilleure et efficace voie pour éviter le SIDA et les autres maladies sexuellement transmissibles.

Grâce à une information objective, cohérente et complète, et par le biais d’une authentique éducation sexuelle, les jeunes pourront opérer des choix responsables et éviter les comportements à risque.

L'éducation saine et vraiment épanouissante à la sexualité et à l’amour responsable et fidèle, se situe dans le contexte de l’ouverture au sens de la vie et favorise une effective maturité humaine. Une éducation sexuelle qui se propose de faire abstraction du bien intégral de la personne, de sa valeur intrinsèque et de sa dimension transcendantale, devient une dangereuse éducation partielle, nuisible à l'homme et à la société. Dans ce sens Jean Paul II écrit : « La dignité personnelle de l'homme exige d'être aidée à croître vers la maturité affective au moyen d'une œuvre d’éducation spécifique. C'est seulement à travers une information et une éducation qui conduiront à redécouvrir dans la clarté et la joie, la valeur spirituelle de l’amour, don de soi comme sens fondamental de l'existence, qu'il sera possible aux adolescents et aux jeunes d'avoir la force nécessaire de dépasser les comportements à risque. L’éducation sereine et sérieuse à la sexualité humaine et à la préparation à l’amour responsable et fidèle, rentre dans les aspects essentiels de cette ouverture au sens de la vie, et ouvre la voie vers une pleine maturité personnelle. Une prévention, au contraire, née d'une inspiration égoïste, de considérations qui font abstraction des valeurs prioritaires de la vie et de l’amour, finirait par devenir, non seulement illicite mais contradictoire, en contournant le problème au lieu de le résoudre dans ses racines » [5].

Il est urgent et nécessaire d’œuvrer pastoralement à la récupération des valeurs fondamentales liées à l'amour et à la sexualité.

En effet « il apparait blessant pour la dignité humaine, et donc moralement illicite de développer une prévention du SIDA basée sur le recours à des moyens et des remèdes qui violent le sens authentiquement humain de la sexualité, et sont un palliatif pour ces troubles profonds, où est mise en cause la responsabilité des individus et de la société : la droite raison ne peut admettre que la fragilité de la condition humaine, au lieu d'être un motif d’engagement plus profond, devienne le prétexte d’une dégradation morale » [6].

La responsabilité de l’éducation sexuelle incombe en premier lieu « au foyer familial qui constitue la première école de vie et de formation des enfants à la responsabilité de la vie sous tous ses aspects, y compris ceux liés à la sexualité » [7].

En effet, pour garantir une éducation à la sexualité de manière progressive, le milieu familial offre des conditions favorables. La famille « possède une charge affective capable de faire accepter sans traumatisme les réalités les plus délicates et de les intégrer harmonieusement dans une personnalité équilibrée et riche » [8].

Dans l'approche préventive du SIDA, les parents ont particulièrement la responsabilité de promouvoir une action efficace d’éducation en transmettant aussi à leurs enfants une information exacte, avec la pédagogie voulue. De cette manière, ils prépareront les jeunes à des choix de comportements responsables, nécessaires à leur maturation personnelle.

A ce sujet le Conseil Pontifical pour la Famille, dans son document intitulé Vérité et signification de la sexualité humaine. Des orientations pour l’éducation en famille, « Une fois identifiés les objectifs de l’information à donner, il faut en préciser les moments et les modalités, en partant de la petite enfance. Les parents doivent délivrer cette information avec une extrême délicatesse, mais de façon claire et au moment opportun. Ils savent bien que les enfants doivent être traités d’une façon personnalisée, selon leurs conditions propres de développement psychologique et psychique et en tenant compte aussi de l'ambiance culturelle ou vit l’adolescent et de l’expérience qu’il fait dans le quotidien » [9].

L'école et les autres milieux éducatifs en collaboration avec les familles ont aussi une importante responsabilité dans l'œuvre de l'éducation. Dans tous les cas, les orientations religieuses familiales des sujets doivent être respectées [10]. Par conséquent les méthodes et les contenus de l’éducation sexuelle enseignée à l'école ou dans d’autres milieux de formation ne doivent pas entrer en conflit avec les valeurs morales, humaines et spirituelles transmises aux jeunes par leurs parents.

Une éducation sexuelle saine et authentique exige des éducateurs sages et compétents, pédagogues avisés et exemplaires quant au profil moral ; dans ce domaine l’exemple de vie et de comportement est particulièrement éloquent.

Les éducateurs doivent être en mesure d’expliquer la complexe et délicate réalité de la sexualité humaine dans un langage et par une méthode appropriés, suscitant chez les sujets de solides convictions pour une gestion positive et responsable de la sexualité [11].


Notes :

[1] Jean Paul II, « Les réfugiés, le SIDA : deux tragédies humaines qui font de l'interdépendance des peuples une catégorie morale », Docum. Cathol., n° 2014 (1990), p. 895.

[2 Déclaration du Conseil Permanent de la Conférence Episcopale d’Irlande, 16.01.1987. Texte original anglais diffusé par Catholic Press Information Office, Dublin. Traduction française dans la Docum. Cathol., n° 1935 (1987), p. 261.

[3] Basil Cardinal HUME, « SIDA : l’heure d'une renaissance morale », Docum. Cathol., n° 1935, p. 259.

[4] Jean Paul II, « La Famille, les pauvres, les valeurs chrétiennes : trois objectifs importants », Docum. Cathol., 2014 (1990), P. 901. Texte original français dans l'Osservatore Romano du 7 septembre 1990. Discours à la Conférence Episcopale du Burundi, prononcé le 05 septembre 1990 à Bujumbura.

[5] Jean Paul II, « l’Eglise face au double défi du SIDA: Prévention dans le respect de la personne humaine et assistance dans un esprit de solidarité », Dolentim Hominum, Op. cit., p. 7.

[6] Ibidem, p. 7.

[7] Ibidem, p. 8.

[8] Sacrée Congrégation pour l’éducation Catholique, Orientations éducatives sur l’amour humain, Editions TEQUI, Paris, 1983, n° 48.

[9] Ibidem, p. 7.

[10] Conseil Pontifical pour la famille, Vérité et signification de la sexualité : Des orientations pour l'éducation en famille, Typographie Vaticane, Rome, 1995, p. 41.

[11] Cf. ANATRELLA T., « Les modèles sexuels contemporains et les orientations actuelles de l'éducation sexuelle », Familia et vita (Pontificium Consilium pro Familia), n° 1 (1996), pp. 22-37.

 

Père François SEDGO
Religieux Camillien
Dans : Prévention SIDA et éducation chrétienne de la sexualité humaine, 1998.
Pages 161-166.

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