Nous connaissons tous des personnes de certains groupes religieux qui parlent tout le temps du dernier jour, de la fin du monde et qui effrayent les gens, comme si bientôt les cieux et la terre allaient nous tomber dessus. Elles écoutent parler des guerres, des accidents, des catastrophes de la nature ou elles croient déceler quelques signes étranges dans le ciel et, tout de suite, elles affirment que c'est la fin du monde qui arrive. Au lieu de nous donner un message d'espérance, d’amour, de solidarité, au lieu de nous encourager, on dirait qu’elles souhaitent nous voir saisis de terreur et d'effroi. Et le pire de tout, c'est que ces personnes prétendent fonder leurs théories sur la Bible. Or, le message de Jésus-Christ n'est pas un message de peur, mais une Bonne Nouvelle, à savoir que le Royaume de Dieu se rapproche de nous aimablement, dans la paix, la justice et dans la joie du cœur.

Parlons donc dans ce chapitre de la fin du monde, non pas à base de contes et de fables, de science-fiction, mais en lisant simplement les Saintes Écritures. Avant tout, il faut dire que la fin des temps dont nous parle la Bible est le grand mystère de l'espérance qui apparaît tout au long du livre sacré. C'est le mystère de l'histoire humaine qui est, au cœur de Dieu, guidée vers “un ciel nouveau et une terre nouvelle”.

1. Que dit la Bible sur la fin du monde ?

Affirmons pour commencer que les Écritures ne parlent jamais de la fin du monde, mais de la fin des temps. C’est comme si le monde n’allait pas tout à fait finir, mais plutôt être transformé en “un ciel nouveau et une terre nouvelle” grâce à la Résurrection de Jésus-Christ.

Dans la Bible, nous trouvons aussi beaucoup d'expressions, qui font référence à la fin du temps, au jour de Yahvé, au jour du jugement, à la venue du Christ, à la résurrection finale, à la parousie, à la venue du règne de Dieu. Toutes ces expressions nous indiquent cette fin du temps.

2. Quand cela arrivera-t-il ?

“Quant au jour et à l'heure, personne ne le sait, même pas les anges du ciel, même pas le Fils de Dieu, Seul le Père le sait” (Mt 24, 36 ; Me 12 22). Jésus n'a pas voulu donner la date, ni le jour, ni l'heure. “Vous n'avez pas à savoir les délais et les étapes que seul le Père a autorité à décider" (Ac 1, 7). Jésus condamne par là la tendance humaine, qui existe encore parmi nous, à fixer le jour et l’année de la fin du monde C’est sûr que la date exacte a toujours quelque chose d’excitant et attire toujours notre attention ; on en parle même dans les journaux Mais le fait de la fixer est simplement un mensonge et une erreur parce que personne ne la connaît. Jésus n’a pas voulu satisfaire notre curiosité, mais nous communiquer quelque chose de plus profond.

Lorsque la Bible parle de la fin des temps, elle dit toujours qu'il nous faut être prêts. Nous ne savons pas la date : ce jour-la nous surprendra comme un voleur dans la nuit : "Soyez donc prêts, car au moment où vous ne le pensez pas le Fils de l’Homme viendra", dit Jésus (Mt 24. 44). “Le jour du Seigneur viendra quand on ne l’attendra pas, comme un voleur vient dans la nuit" (2P3, 10; 1 Tim 5, 2 ; Ap 16, 15).

Or, en lisant l’histoire, nous voyons qu'il y a toujours eu des groupes religieux qui, à chaque époque, ont fixé la date, le jour et l’heure de la fin du monde, mais ils se sont trompés. Ne nous laissons donc pas tromper ! Le fondateur des adventistes, William Miller, avec le texte de Daniel 8, 14 calculant les jours de ce texte comme des années, fixa le retour du Christ sur terre au 21 mars 1843. La date arriva et il n’y eut rien de spécial. Il dit ensuite qu’il s'était trompé dans ses calculs d’un an et il proclama de nouveau la venue du Christ, cette fois-ci pour le 21 octobre 1844. Voyant que le Christ ne revenait pas, il commença à dire que le jugement des hommes était commencé au ciel et que bientôt le Christ se manifesterait sur la terre...

Les témoins de Jéhovah aussi avaient annoncé la venue du Christ et de son Royaume de 1000 ans sur la terre pour l'année 1914, et après, pour 1925. Actuellement, ils ne donnent plus de date mais se limitent à dire : "Le Christ revient bientôt" ; nous voyons ces autocollants partout : "Jésus revient". Il y a parmi nous des personnes trop audacieuses, qui fixent la fin du monde pour l’an 2000...

3. Quand la venue du Christ aura-t-elle lieu ?

Dans quelques passages de la Bible, on parle de retour imminent du Christ. Ailleurs, on annonce encore un temps d'attente. On a l'impression que les chrétiens de la première génération attendaient anxieusement la venue du Christ. “Tôt, très tôt arrivera celui qui doit venir et il ne tardera pas” (He 10, 37). “Dieu, qui est le juge, est déjà aux portes". “La fin de toute chose arrive” (1 P 4, 7). “Oui, viens bientôt, amen. Viens, Seigneur Jésus" (Ap 22, 20).

Même Jésus annonce son prochain retour: “Amen, je vous le dis, certains qui sont ici ne feront pas l’expérience de la mort avant d’avoir vu la royauté et la venue du Fils de l'homme“ (Mt 16, 28).

Très tôt, les chrétiens de l'Église primitive se rendirent compte que l'histoire pouvait durer encore longtemps. Certains se sont même moqués de la propre venue du Christ en disant : “Qu’est devenue la promesse de su venue ? Nos pères dans la foi sont morts et tout continue comme au début du monde" (2 P 3, 4). A ceux-là l'apôtre Pierre répond : “N'oubliez pas, frères bien-aimés, qu'un seul jour du Seigneur vaut mille ans et mille ans ne sont pour lui qu'un seul jour” (2P 3, 8).

4. Des signes qui précédent la fin du monde

L'apôtre Paul, après avoir beaucoup réfléchi, annonce aussi un temps d'attente. Avant la venue du Christ, trois choses devront se passer :

A. L’annonce de l'Évangile doit atteindre toutes les nations. “L'Évangile du Royaume sera proclamé dans le monde entier : toutes les nations en recevront l'annonce, et alors viendra la fin" (Mt 24, 14).

B. A la fin de l’histoire, Israël se réconciliera avec le Christ et sera sauvé. “Une partie d'Israël restera dans son aveuglement jusqu’à ce que l'ensemble des nations soit entré et, à ce moment-là, c'est Israël tout entier qui sera sauvé" (Rm 11, 25-26).

C. Finalement, avant la venue du Christ, doit se produire l’apostasie générale; c’est-à-dire qu'il y aura une crise religieuse à échelle mondiale, et l'antichrist arrivera. “Ne vous affolez pas pour quelque message spirituel comme si le jour du Seigneur était imminent. Ne vous laissez pas égarer, de quelque façon que ce soit. Il faudra d'abord que se produise l'apostasie et que se manifeste celui qui refuse Dieu, l’instrument du mal, celui qui contredit et qui se met au-dessus de tout ce qu'on considère divin et sacré. Et il ira s'asseoir dans le temple de Dieu, pour montrer que Dieu, c'est lui... Il fera des miracles, des signes et des prodiges de mensonge pour égarer et pervertir ceux qui vont à leur perte..." (cf. 2Th 2, 1-12).

Nous voyons donc que la venue du Christ ne surviendra pas aussi tôt que certaines personnes l’attendent ; autrement dit, Dieu ne mesure pas le temps comme nous. Il peut présenter quelque chose comme étant proche et ne le réaliser que lorsque cela lui paraîtra bon. D'autre part, si le temps d'attente nous paraît long, ce n’est pas une raison pour nous replier sur une vie commode, sans attente. Car le Seigneur viendra pour chacun de nous “comme un voleur dans la nuit".

N’oublions pas que le jour de la mort est pour chacun de nous la fin du temps, le jour du jugement personnel, le jour de la rencontre personnelle avec le Christ. Puisse le Seigneur nous trouver en attitude d'attente !

5. Comment viendra le Christ à la fin des temps ?

La Bible nous parle de façon assez confuse de la manière dont l'histoire se terminera. Dans l'Ancien Testament, par exemple les prophètes voyaient toutes les nations de la terre unies dans un complot pour détruire la ville sainte de Jérusalem. Mais au moment le plus désespéré, Dieu interviendra de façon triomphale pour instaurer le Royaume (cf. Jl 4, 14). Dans le discours sur la fin des temps, Jésus parle de “guerres, de grandes angoisses partout dans le monde ; le soleil ne brillera plus, la lune perdra son éclat et les étoiles tomberont du ciel et les anges joueront de la trompette...” (Mt 24, 29-31).

Le livre de l'Apocalypse, aux chapitres 13 et 17 parle du dragon et des monstres, de la grande bataille dans le ciel, de Babylone la grande, mère des prostituées et des idoles abominables du monde...

Tous ces textes sur la fin du monde furent écrits dans un style apocalyptique (des révélations mystérieuses). C'était une forme très courante d'écrire à cette époque-là. Ces écrits mystérieux visaient à éclairer les événements contemporains et ultimes de l’histoire avec des visions fictives et des images fantastiques. Il ne faut pas se perdre derrière ces visions.

Rappelons encore la sage attitude de ne pas s'arrêter au sens littéral, mais essayer de découvrir le message profond qui est caché dans ces écrits. “Le Christ Ressuscité est le centre de toute l'histoire et ce monde est le scénario d'une lutte entre les élus du Christ (son Église) et les forces du mal (le démon). Les chrétiens sont appelés à rendre un témoignage vaillant de confiance au Christ". Ces écrits ne prétendent pas être une menace ou faire peur, comme certains le croient ; tout au contraire, ce sont des écrits qui veulent nous encourager et nous exhorter à la fidélité et à la confiance en Dieu lors des moments difficiles.

6. Comment nous préparer pour la fin des temps ?

Notre fin dernière et définitive n’est pas loin. Ce n'est pas un futur impossible à imaginer. C'est déjà commencé. Par sa personne, sa parole et son action, Jésus-Christ a déjà inauguré le Royaume de Dieu (cf. Lc 11, 20) et a déjà commencé à juger les hommes (cf. Jn 12, 31). Sa parole, son amour et sa mort nous jugent et parfois nous condamnent. Jésus nous a déjà transmis quelque chose de sa résurrection (cf. Col 3, l-4). C'est pourquoi, à partir de Jésus, le Nouveau Testament nous parle du temps comme “les derniers temps” (He 2, 17 ; 1 P 1, 20). Depuis lors, il est urgent de vivre en accord avec l'Évangile, urgent pour tous et chacun car nous ignorons combien de temps il reste pour la fin (cf. Mc 13, 33-37 et Mt 24, 42).

On ne doit pas attendre passivement le retour du Christ, lors du jugement dernier à la résurrection générale où le Royaume de Dieu sera totalement instauré. Cette espérance est le moteur de l'histoire. Il est urgent que Dieu puisse mener à terme ce qu'il a commencé en Jésus-Christ ; quant à nous, il nous faut travailler à vaincre les obstacles. Le deuxième avènement du Christ à la fin des temps (cf. Mt 24, 3) sera le moment du dernier jugement, de la résurrection générale et de l’instauration définitive du Royaume de Dieu. Notre espérance tend vers le ciel nouveau, vers cette nouvelle Terre. C'est pourquoi la Bible termine avec ces paroles d'attente : “Viens, Seigneur Jésus !” (Ap. 22, 20). Paroles que nous reprenons à chaque célébration eucharistique, après la consécration, lorsque le peuple acclame : “Gloire à toi qui étais mort ! Gloire à toi qui es vivant, notre Seigneur et notre Dieu ! Viens, Seigneur Jésus !”

Pour réfléchir

1. Quelle différence y a-t-il entre fin du monde et fin des temps ?

2. Que dit la Bible à propos du jour et de l'heure de la fin des temps ?

3. Quelle est la position actuelle des Adventistes et des Témoins de Jéhovah sur la fin du monde ?

4. Quels sont les trois signes qui doivent précéder la fin des temps ?

5. Quel est le jour de la fin des temps pour chaque personne ?

6. Quel est le grand message de fond des chapitres 13 et 17 de l’Apocalypse ?

7. Que devrons-nous faire pour nous préparer à la fin des temps ?

Père Carlos Orduna Diez
Clerc de Saint Viateur
1999

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