La merveille de l’Eucharistie

Jésus a sauvé les hommes en se faisant l’un d’entre eux. Il est homme, mais l’homme saint, le seul véritable adorateur. Il obéit parfaitement à son Père et par là, il répare tous nos refus, nos manques d’amour, nos péchés. C’est surtout par sa mort sur la croix qu’il offre le sacrifice unique et parfait. En une seule fois, il a permis à tous les hommes qui le veulent d’être réconciliés avec le Père, et de devenir à leur tour des adorateurs (He 9, 28).

De plus, Jésus a voulu que ses disciples, au long des âges, s’unissent à son sacrifice. C’est pourquoi, il a institué l’Eucharistie. L’Église continue d’offrir le pain et le vin qui contiennent le corps livré et le sang répandu de Jésus.

A chaque messe nous sommes invités à faire un acte de foi en la présence de Jésus renouvelant pour nous le mystère de sa mort et de sa résurrection. Saint Padre Pio vivait ce drame avec tant de foi qu’il éprouvait jusque dans son corps les mêmes souffrances que Jésus : « Pendant la messe, je suis suspendu à la Croix avec Jésus et je souffre tout ce qu’à souffert Jésus au Calvaire ».

Par ce sacrifice les mérites de la Croix sont appliqués aux hommes de tous les pays et de tous les temps. Nous avons donc la chance inouïe de pouvoir nous unir personnellement à Jésus et de pouvoir recevoir les grâces dont nous avons besoin. Les Hébreux ont été nourris chaque jour par la manne pendant leur traversée du désert : de même nos âmes ont besoin du Pain de Vie le plus souvent possible.

Merveille et bonheur que cette présence de Jésus vivant, offert, mangé, adoré sous les humbles signes du pain et du vin ! Qui dira la beauté de l'âme lorsqu'elle reçoit le Corps de son Seigneur !

« Pour moi dès les premières années de mon sacerdoce, la célébration de l’Eucharistie a été non seulement le devoir le plus sacré, mais surtout le besoin le plus profond de mon âme » (Jean-Paul II).

« Ne t’habitue jamais à célébrer l’Eucharistie. Qu’elle soit chaque jour un événement nouveau qui te bouleverse », conseillait un prédicateur à un jeune prêtre.

« Lorsque je suis en possession de ce bien suprême, alors oui, la plénitude de douceur est vraiment grande, au point qu'il manque peu que je ne dise à Jésus : "ça suffit, je n'en peux presque plus" » (St Padre Pio).

Se recueillir avant et après la messe

La messe comporte beaucoup de lectures, de chants, de gestes symboliques. Si on ne fait pas assez attention, on peut regarder tout cela comme un spectacle ; on s’attache à l’aspect extérieur sans en découvrir le sens caché. On peut rester passif et ne pas prier réellement.

"L'Eucharistie dans une âme qui ne prie pas, c'est semence en terre non labourée. Elle ne peut pas produire de fruits" (P. Caffarel).

La messe n’est pas un acte magique où il suffirait de poser des gestes pour que l’effet vienne automatiquement. Les fruits de la communion diffèrent suivant les dispositions et la foi de chacun. C’est pourquoi, avant la messe, un temps de préparation permet à l’âme de participer au sacrifice avec une foi plus vive.

Et quand l’action liturgique est terminée, ceux qui le désirent peuvent rester là pour faire une action de grâce (remercier) et prolonger leur prière d’une manière plus personnelle. Ils peuvent réfléchir à ce qui s’est déroulé, remercier le Seigneur qui s’est donné à eux, reprendre telle prière etc…

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jean 6, 56). Demeurer en Jésus, c’est surtout lui consacrer un temps gratuit, uniquement pour être avec lui. "Je vous en supplie, dit un prêtre à des jeunes aux Journées Mondiales de Cologne, ne laissez jamais Jésus seul après la communion. C'est le grand moment de la messe où le Seigneur s'unit à vous". Évidemment, cela est vrai d’abord pour les prêtres.

Qu’est-ce que l’adoration eucharistique

Après la messe, le pain consacré est conservé respectueusement dans un endroit spécial. Ainsi Jésus est toujours présent dans nos églises. Cherchons le sens de cette présence et comment elle peut nous être précieuse.

Il s’agit donc de bien comprendre l’adoration eucharistique. Elle n’est pas quelque chose d’ajouté à la messe. C’est la messe qui continue. C’est un temps pendant lequel on essaie d’approfondir les différentes facettes du mystère.

L’Eucharistie c’est Jésus lui-même (Ceci est mon corps). Il est là en personne, Dieu et Homme, réellement présent, vivant près de nous. Avec lui sont là, inséparablement, le Père et le Saint Esprit. En communiant, nous accueillons la Sainte Trinité !

L’Eucharistie c’est le pain qui nourrit et fortifie nos âmes.

C’est aussi le remède qui guérit nos blessures.

C’est le pain qui rassemble la communauté.

C’est la nourriture qui nous transfigure, et annonce le festin du ciel ; La vie future est déjà là, sous le voile de l’hostie.

"Que fait le pauvre devant le riche ? Le malade devant le médecin ? Celui qui a soif quand il est près d'un puits ? L'homme qui a faim devant un bon repas ?" (St Alphonse de Liguori)

Comment est-il possible que les hommes pensent à autre chose qu’à cela ?

Adorer le Saint-Sacrement, seul ou en groupe, c'est d'abord remercier Jésus d'être là avec nous. C’est chercher à comprendre et goûter le mystère de Jésus qui continue de sauver les hommes d’une manière permanente. « Jésus Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde » (Pascal). C’est aussi s’engager soi-même à porter sa croix à la suite de Jésus.

Jésus a souffert à cause de nos péchés et des péchés du monde. Nous devons essayer de réparer d’abord pour nos manques d’amour envers l’Eucharistie, pour nos communions faites avec une foi insuffisante. Prier aussi au nom des pécheurs, au nom de ceux qui ne prient pas, des chrétiens qui désertent la messe. Jésus s’est fait solidaire de nos fautes. A notre tour, nous devons être solidaires, dans le Corps Mystique, de tous nos frère .C’est ce que nous faisons en adorant le Corps du Christ.

Ceux qui ne peuvent pas recevoir le Corps du Christ, pour différentes raisons, peuvent faire la communion spirituelle, ou l’adoration ; cela remplace la communion sacramentelle.

« L’adoration du Christ dans ce sacrement d’amour doit trouver son expression en des formes diverses… Prière personnelle devant le Saint Sacrement, heures d’adoration (en commun). L’Église et le monde ont grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce Sacrement d’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l’adoration,la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais » (Jean-Paul II à tous les évêques, 1980). « C’est seulement en approfondissant notre communion eucharistique avec le Seigneur par la piété personnelle que nous pourrons découvrir ce qu’il attend de nous dans notre vie quotidienne » (1989).

L’adoration et la mission

Enfin l’adoration est nécessaire pour soutenir la nouvelle évangélisation. Annoncer l’Évangile par la parole et la charité ne suffit pas. C’est la grâce du Saint-Esprit qui touche les cœurs. Dans beaucoup de paroisses et de pays, dans des groupes de jeunes on insiste sur l’adoration comme base de la Mission.

Voici un témoignage de Chine :

« Nous ne pouvons pas nous reposer. Nous ne pouvons pas rester paralysés par la peur. Mais pour oser annoncer Jésus ressuscité, il nous faut une force, un feu que nous trouvons dans l’adoration.

Ce que je dis là, je l’ai découvert avec d’autres chrétiens, grâce à des laïcs qui sont venus en Chine et nous ont fait connaître toute l’importance de l’adoration eucharistique. Ils nous ont apporté le feu de l’adoration et l’amour de la parole de Dieu.

Cet esprit d’adoration est comme un feu nouveau dont les chrétiens en Chine ont besoin. Je peux illustrer cela par de nombreux exemples.

Ainsi, dans une ville, une vieille femme catholique très ardente a lancé une neuvaine de prière et de jeûne pour hâter la venue du pape dans notre pays. Elle a parcouru toute la ville à vélo pour organiser cette neuvaine.

Tous les soirs, elle a rassemblé en secret des chrétiens pour prier le chapelet devant le Saint-Sacrement. Chaque jour, elle et son groupe jeûnaient. Elle a puisé le courage et la force de le faire dans l’adoration.

Ensuite, ces mêmes chrétiens, brûlés par le feu de l’adoration, ont été poussés à visiter les mourants dans un hôpital pour leur apporter la Bonne Nouvelle.

Seule la grâce de Dieu reçue dans l’adoration, pourra faire de nous des missionnaires. »

Il faut crier partout le Mystère Eucharistique.

Abbé Yves JAUSIONS
Diocèse de Rennes, FRANCE
Dans : Oraison sans frontières, 2006.

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