Paroisse Saint François d’Assise, le 8 février 2015

Chers religieux (ses),
Chers consacrés,
Chers frères et sœurs en Christ,

En ce cinquième dimanche du temps ordinaire, nous célébrons dans notre Église Famille diocésaine, la journée de la vie consacrée qui rassemble dans cette paroisse Saint François d’Assise, les religieux (ses) des différents Instituts, les membres des sociétés de vie apostolique et les vierges consacrées, présents dans de notre Église Famille de Dieu (au total 44 instituts féminins et 17 instituts masculins). Frères et sœurs, voyez là comment, dans leurs diversités de couleurs, ils forment une assemblée arc-en-ciel, signe que, dans la diversité de leurs charismes, ils constituent une richesse pour notre Église diocésaine. Dieu les bénisse et leur accorde une fécondité apostolique et missionnaire pour l’expansion de son Règne d’amour.

J’exprime ma gratitude au curé de la paroisse Saint François d’Assise et à ses vicaires ainsi qu’à toute la communauté paroissiale qui nous accueillent chaleureusement pour la présente journée. Merci à vous tous d’être là pour qu’ensemble nous rendions grâce à Dieu pour le don de la vie consacrée à son Église.

I- L’enseignement des textes de ce jour

Bien-aimés de Dieu, la Parole de Dieu met en relief deux aspects essentiellement qui pourraient faire l’objet de notre méditation de ce jour : le problème du mal et de la souffrance et la mission d’annonce de l’Évangile confiée à l’Église.

Le serviteur de Dieu Job, confronté au mystère de la souffrance et du mal, dans la première lecture, se tourne vers Dieu en toute confiance pour lui confier sa cause : « «Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur. » Jésus dans l’Évangile, se consacre à sa mission de salut, guérissant de nombreux malades et délivrant des esprits mauvais, ceux qui étaient possédés. En la personne de Jésus, Dieu qui ne supporte pas de voir souffrir les hommes, nous donne une réponse à la question de la souffrance humaine dont parle le livre de Job. Jésus est la réponse à la souffrance humaine et au problème du mal car il est le seul qui puisse nous en délivrer ; en outre, par sa passion-mot-résurrection, il vient donner sens à toute souffrance humaine, en en faisant un lieu de sanctification et de salut.

A la suite de Jésus, l’apôtre Paul totalement dévoué à la cause de l’Évangile et à la mission de salut du Christ, s’est « fait libre à l’égard de tous ». Dimanche dernier, il a choisi le célibat pour être consacré aux « affaires du Seigneur », disait-il et aujourd’hui, il affirme renoncer aux biens matériels, pour vivre la pauvreté évangélique au service de l’Évangile. L’apôtre souligne bien les exigences de l’annonce de l’Évangile, les exigences de la mission qui se présente à tout fidèle du Christ comme une nécessité : « malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile » De l’expérience de Job et de celle de Saint Paul, il ressort que le Christ est celui-là qui donne sens à l’existence humaine, celui pour qui, l’homme doit consacrer totalement sa vie. D’une telle expérience et rencontre avec le Christ, naît le désir ardent et la joie d’annoncer l’Évangile du Royaume.

Chers frères et sœurs, la célébration de cette journée de la vie consacrée nous interpelle tous. Par la profession des conseils évangéliques (chasteté, pauvreté et obéissance), les religieux nous rappelle que Dieu est l’unique nécessaire dans la vie et qu’il convient de centrer constamment notre vie sur l’essentiel, Dieu. C’est vers Dieu que nous devons toujours nous tourner si nous voulons tenir ferme et indéfectible dans les épreuves de la vie et être ses authentiques témoins au cœur d’un monde hostile.

II- Interpellations et invitations à l’adresse des consacrés

Bien chers religieux (ses), chers consacrés,

L’année de la vie consacrée est une année de grâces pour vous et pour l’Église ; elle est une occasion de renouveau intérieur individuellement et communautairement et ce, pour mieux assumer votre mission prophétique au cœur de l’Église et du monde.

Pour ce faire, la triple orientation que vous connaissez bien et que le Pape François donne à cette année de grâce, est d’une grande inspiration et constitue une référence sûre d’introspection et d’auto-évaluation.

1-« Regarder le passé avec reconnaissance »

Comme vous le savez, le Pape François a adressé une Lettre Apostolique à tous les consacrés à l’occasion de l’année de la vie consacrée. A la suite de Saint Jean-Paul II dans Novo Millennio Ineunte, le saint Père invite tous les instituts à « regarder le passé avec reconnaissance » ; il s’agit là de relire le passé avec foi pour rendre grâce à Dieu, l’auteur et la source de tout don. Selon la vision du Pape François, ce regard sur le passé a pour but un retour aux sources pour garder son identité propre et demeurer fidèle au charisme initial et à l’esprit du fondateur. La relecture du passé de chaque famille religieuse conduit à déceler les ombres et les lumières, toute chose qui mènera à deux attitudes fondamentales : la conversion pour plus de fidélité et l’action de grâce à Dieu pour ses dons.

Cette invitation pourrait s’appliquer à chacun individuellement : relire l’histoire de sa vocation personnelle pour rendre grâce à Dieu et mettre à nue les incohérences de sa vie pour mieux se conformer aux exigences de sa vocation, peuvent être pour chacun et chacune des exercices fort édifiants en cette année.

2-« Vivre le présent avec passion »

C’est un appel fort du Saint Père qui concerne plusieurs aspects de la vie consacrée. « Vivre le présent avec passion », revient à vivre l’Évangile dans toutes ses exigences et sa radicalité, à vivre les conseils évangéliques comme expression de votre amour passionné pour le Christ à qui vous avez consacré votre vie. Il s’agit véritablement d’une adhésion pleine à la personne du Christ et d’une imitation de son amour et de son cœur de pasteur. Cette orientation du Pape, invite aussi à relever le défi de l’amour, de la vie fraternelle et de la communion dans vos communautés et dans les diocèses. Cela implique une double dimension : la communion avec l’Église locale et le témoignage de la vie fraternelle au sein des communautés. La communion avec l’Église commande non seulement la participation aux multiples activités de la vie diocésaine (restitution du presbyterium, activités de l’UCO, etc.) mais aussi la coopération à l’action pastorale et missionnaire dans les paroisses et ce, dans une juste autonomie et selon vos charismes propres. La communion entre instituts religieux doit aussi être active et se traduire en soutiens multiples et multiformes, allant du soutien matériel au soutien moral et spirituel.

Quant à la vie fraternelle et communautaire, elle est à promouvoir car là réside le plus grand signe de notre appartenance au Christ. Le Saint Père François, à la suite de l’exhortation Ecclesia in Africa exhorte les consacrés à être des « experts en communion » : « Dans une Église Famille de Dieu, la vie consacrée a un rôle particulier, non seulement pour indiquer à tous l'appel à la sainteté, mais aussi pour témoigner de la vie fraternelle dans la communauté. Par conséquent les consacrés sont invités à répondre à la vocation à laquelle ils sont appelés, dans un esprit de communion et de collaboration avec leurs évêques respectifs, le clergé et les laïcs » (Ecclesia in Africa, n° 94)

3- « Embrasser l’avenir avec espérance »

La vie consacrée en Afrique comme partout ailleurs est confrontée de nombreux défis. Chaque famille religieuse a ses difficultés, ses crises qu’elle doit considérer avec réalisme et surtout avec beaucoup de courage et d’espérance. Les difficultés peuvent être de divers ordres : scandales et contre témoignages, problèmes d’auto-prise en charge, difficultés de vie communautaires, crise de vocation… Ce sont dans notre contexte, autant de défis qui peuvent nous plonger dans le découragement et le pessimisme. Ils révèlent bien notre fragilité malgré lequel, Dieu nous appelle à collaborer avec lui dans sa mission de salut pour l’humanité. Il nous appelle tels que nous sommes avec ce que nous sommes ; en somme, il nous fait confiance. D’où la nécessité de ne pas compter sur ses propres mais compter plutôt sur Celui en qui nous avons mis notre confiance et pour qui, « rien n’est impossible ». Cela nous introduit dans une dynamique de confiance et d’espérance, d’humilité et d’abandon pour envisager toujours l’avenir avec sérénité et se projeter dans cet avenir incertain avec beaucoup plus de foi et d’espérance.

Enfin, l’attente forte que le Saint Père exprime à l’endroit des consacrés, en cette année de la vie consacrée, est digne d’intérêt et vous interpelle aussi. Il s’agit de « réveiller le monde » par une vie de témoignage prophétique. « J’attends que « vous réveilliez le monde », parce que la note qui caractérise la vie consacrée est la prophétie », exhorte-t-il. Le prophète est l’envoyé de Dieu qui parle en son nom; il vit une intimité profonde avec Dieu qui l’envoie auprès de ses frères et sœurs pour les ramener toujours à l’essentiel. « Par les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, la vie des personnes consacrées est devenue un témoignage prophétique. Elles peuvent être ainsi des modèles en matière de réconciliation, de justice et de paix, même dans des circonstances de fortes tensions… » (Ecclesia in Africa, n° 117).

Dans un monde sécularisé où se perdent foi, valeurs morales et évangéliques, respect et dignité de la personne humaine…, vous les consacrés devez interpeller les consciences par votre cohérence de vie et votre témoignage prophétique. Il vous revient par un témoignage de vie héroïque et la prédication, de réveiller notre monde en léthargie éclairant ainsi les hommes et les femmes de notre temps à centrer leur vie sur Dieu. Ce témoignage n’est possible que dans la prière qui unit au Christ et féconde l’action apostolique et missionnaire.

Bien chers frères et sœurs, la vie consacrée ne concerne pas seulement les religieux (ses) ; ce n’est pas une affaire privée. Elle concerne toute l’Église dans ses composantes : « La vie consacrée est un don à l’Église, elle naît dans l’Église, croît dans l’Église, et est toute orientée vers l’Église. », enseigne le Pape François. Nous avons tous un devoir de soutien et de prière à l’endroit des personnes consacrées pour qu’elles puissent vivre profondément leur vocation dans l’Église. Alors, accompagnons-les de nos prières toute cette année durant pour que la vie consacrée brille de toute sa splendeur dans l’Église et que les personnes consacrés, par leur vie, donnent à contempler aux hommes de notre temps, les pages de l’évangile.

Daigne la Vierge Marie, Étoile de l’Évangélisation, modèle par excellence de toute vie consacrée, être pour tous et chacun, un guide et un appui sur le chemin de la vie chrétienne et de la vie consacrée.

+Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

 

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