http://www.collegedelasalle.bf - le 2 novembre 2013

- Excellence, M. Roch Marc Christian KABORE, Patron,
- Autorités administratives, politiques, judiciaires, militaires et paramilitaires, coutumières et religieuses,
- Révérend Frère Directeur,
- Chers professeurs-éducateurs et parents,
- Chers élèves et anciens élèves du collège Saint Jean-Baptiste de la Salle,
- Bien chers frères et sœurs,

A vous tous, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ !

1953 - 2013 = 60 ans d’existence du Collège privé Saint Jean-Baptiste de la Salle, 60 ans de service en matière de formation et d’éducation des jeunes au profit de l’Eglise et de la Nation Burkinabè, 60 ans de fidélité dans cette mission délicate d’enseignement, de formation et d’éducation ! Oui, le grain jeté en terre il y a 60 ans, a poussé et grandi et a donné de nombreux et bons fruits ! En 60 ans, plus de 6 000 jeunes, garçons et filles, sont passés dans cet établissement et un bon nombre a occupé de très hautes fonctions dans l’administration publique, dans les organisations internationales ou dans des sociétés privées. Il y a vraiment de quoi rendre grâce à Dieu !

Tout en rendant grâce au Seigneur, Maître de l’histoire, nous voulons lui offrir aujourd’hui, avec foi et confiance totale, les pionniers de ce collège, les parents et les éducateurs, les joies et peines des professeurs, tout le travail intellectuel et spirituel de nos établissements catholiques, en particulier, celui du collège Saint Jean-Baptiste de la Salle, bénéficiaire privilégié de notre prière eucharistique à l’occasion de sa messe de rentrée et de l’ouverture officielle de son jubilé de 60 ans d’existence !

Daigne le Seigneur nous exaucer et nous combler de grâces bien au-delà de nos attentes.

Des trois textes choisis pour la circonstance, je m’arrêterai volontiers avec vous sur l’Evangile, le passage de St Mathieu 25,14-30 = c’est l’Evangile sur les talents ou la parabole des trois serviteurs que j’ai voulu privilégier par rapport au passage de saint Jean 15,1-8 sur la vigne et les sarments.

Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole que nous venons d’entendre et que nous connaissons bien : Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. A l’un il donna une somme de cinq pièces d’argent (ou talents), à un autre deux pièces d’argent, au troisième une seule, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq pièces d’argent s’en alla faire du commerce avec cet argent et gagna cinq autres pièces d’argent. Celui qui avait reçu deux pièces agit de même et en gagna deux autres. Mais celui qui avait reçu une pièce s’en alla creuser un trou dans la terre et y cacha l’argent de son maître… Et vous connaissez la suite quand vint le moment de rendre compte.

Frères et sœurs, chers jeunes,

I. Cet Évangile sur les talents nous invite à méditer sur les dons de Dieu et la liberté de l’homme.

L’homme a-t-il quelque chose à offrir à Dieu ? Oui ! Rappelons-nous ce que le prophète disait au peuple d’Israël : « Et maintenant, Israël, sais-tu ce que le Seigneur ton Dieu te demande ? Craindre le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins, l’aimer, garder ses commandements et le servir de tout ton cœur et de toute ton âme… » (Dt 10,12).

Chers élèves du collège Saint Jean-Baptiste de la Salle et vous tous frères et sœurs qui êtes venus communier à la joie de cet établissement jubilaire, avez-vous quelque chose à offrir à Dieu ? A cette question, chacun devrait pouvoir répondre personnellement. Avons-nous quelque chose à offrir à Dieu dans nos vies humaines quotidiennes ?

Oui, notre foi et notre amour ! Voilà les offrandes qu’il faut présenter au Seigneur, voilà ce que chacun de nous, à quelque niveau qu’il soit, peut et doit offrir à Dieu ! Et ce n’est pas au-delà de nos forces. Oui Dieu ne nous demandera jamais ce que nous ne sommes pas capables de lui donner. Vous l’avez remarqué, dans la parabole, le maître a confié les talents à chacun selon ses capacités. Il y a donc le don de Dieu mais il y a aussi la contribution de l’homme. Par exemple, il était bien au pouvoir de l’homme qu’une pièce d’argent en rapporte dix ou qu’elle en rapporte cinq ; mais il appartenait à Dieu de donner à l’homme la pièce d’argent avec laquelle il a pu en produire dix autres. Autrement dit, pour que l’homme possède une qualité, un bien, une vertu, cela dépend de Dieu. Et des dons et des qualités, nous en avons tous reçu, même si souvent cela paraît infime à nos yeux ! Mais pour que ces dons et ces qualités se développent, grandissent et fructifient, cela dépend de nous. Il nous faut seulement fournir l’effort qu’il faut et faire fructifier ce qui nous est donné !

Celui qui a reçu les cinq cents pièces d’argent s’en alla aussitôt faire du commerce avec cet argent et gagna cinq cents autres pièces d’or.

Développer ce qu’il a reçu comme qualités intellectuelles, humaines et spirituelles, voilà ce que Dieu attend de l’homme pour le combler encore d’autres bienfaits au-delà de ses attentes.

Frères et sœurs, Dieu n’abandonne jamais l’homme, Dieu n’oublie jamais l’homme et il ne le prive jamais de ses dons. C’est l’homme qui, si souvent, s’éloigne de Dieu, c’est l’homme qui, si souvent, refuse, néglige ou dilapide les dons de Dieu.

Chacun, à son niveau, peut reconnaître ce que le Seigneur lui a accordé comme grâces, comme dons dans sa vie. Il y en a certainement et des dons de tous genres ! Mais les premiers dons que nous devons tous reconnaître, ce sont d’abord nos vies, nos personnes : ce que le Seigneur a accordé aux parents comme dons, ce sont les enfants ; et ce qu’il a accordé aux enfants, ce sont les parents et les éducateurs. Chacun de nous constitue donc un don de Dieu pour l’autre, un trésor à entretenir et à faire grandir avec foi et amour ! Autrement dit, les parents doivent faire le bonheur de leurs enfants en veillant à leur éducation et à leur épanouissement, tout comme les enfants doivent être source de joie, de fierté et de bonheur pour leurs parents et éducateurs en s’employant à réussir dans la vie.

II. Interpellations

Je voudrais donc terminer cette méditation par des interpellations spécifiques à l’adresse de tous, à l’adresse des élèves et à l’adresse de tous ceux qui ont la délicate mission de les accompagner.

1) Aux Éducateurs :Parents et professeurs.

- Les parents ont la responsabilité d’offrir une éducation intégrale à leurs enfants. Dans l’éducation des enfants, le rôle maternel et le rôle paternel sont nécessaires. Les parents doivent œuvrer conjointement et s’y impliquer réellement. Ils exerceront l’autorité avec respect et délicatesse, mais aussi avec fermeté et rigueur. Parents, n’ayez pas peur de montrer à vos enfants le vrai chemin de la vie qui passe par l’obéissance, l’abnégation, les efforts quotidiens... Tout doit être orienté vers le bien intégral des enfants, l’éducation véritable qui a pour but la formation intégrale de la personne humaine (i.e formation physique, morale, intellectuelle) qui a en vue la fin dernière de celle-ci en même temps que le bien commun de la société (Cf. Can 795).

- Les professeurs tiennent un rôle irremplaçable .Être enseignant est tout un art qui nécessite don de soi, gratuité, abnégation, amour des jeunes... Rigueur et fermeté sont aussi nécessaires que la délicatesse et le dialogue.

Au nom de notre Église famille de Dieu, je voudrais, en cette circonstance solennelle, rendre un vibrant hommage aux générations de frères de la Salle qui se sont dévoués corps et âme pour faire de ce collège privé catholique ce qu’il est aujourd’hui dans l’univers de l’éducation au Burkina Faso.

Formation intégrale : œuvre conjointe des professeurs et des parents

Professeurs et parents ont besoin de travailler en étroite synergie, dans une coopération totale à la formation des jeunes. Ils doivent promouvoir la formation intégrale au dialogue, à la tolérance, à la socialité, à la légalité, à la solidarité et à la paix, en cultivant chez les jeunes les vertus fondamentales du Bien commun, de la justice et de la charité (cf. Jean Paul II, Familiaris Consortio, N°43).

Au canon 796, § 2 : la législation de l’Eglise stipule qu’une collaboration mutuelle entre parents et professeurs est nécessaire. « Les parents doivent coopérer étroitement avec les maîtres d’école auxquels ils confient leurs enfants pour leur éducation ; quant aux maîtres, dans l’accomplissement de leurs fonctions, ils collaboreront étroitement avec les parents et les écouteront volontiers ; des associations ou des rencontres de parents seront instituées et elles seront tenues en grande estime ».

Au delà des paroles, c’est l’exemple et le témoignage de vie que recommande le Pape Paul VI – car, dit-il, « notre monde a plus besoin de témoins que de maîtres ; et s’il admire les maîtres, c’est encore parce qu’ils sont des témoins » (E.N, 14).

Éducation et État :

A l’occasion du 50è Anniversaire de la Fondation des Nations Unies, le 5 octobre 1995, le Pape Jean Paul II rappelait que toutes les nations sont appelées à construire leur avenir en donnant une éducation appropriée aux jeunes générations (cf. Compendium, n° 157). Le rapport mondial sur le développement humain 2013 a été rendu public le mardi 23 avril 2013 à Azalaï Hôtel Indépendance de Ouagadougou. Une quarantaine de pays en développement ont progressé en 2012. L’indice de développement humain (IDH) du Burkina Faso est passé à 0,343 en 2012, classant le pays 183è/187. Selon le représentant du PNUD, M. Pascal KARORERO, le classement faible du pays s’explique notamment par son niveau de développement humain faible, l’analphabétisme de la population adulte, la lente progression dans les domaines de la santé et de l’éducation, etc. C’est là, frères et sœurs, qu’éclate avec évidence d’abord la responsabilité de l’État, dont le devoir premier est d’éduquer ses citoyens avec la coopération de la société civile, des ONG, et des parents…

Cela requiert des moyens conséquents à consentir et une réelle coopération entre les Institutions de l’Etat, les Éducateurs, la famille dont l’identité authentique doit être garantie et favorisée. L’action politique et législative doit sauvegarder les valeurs de la Famille depuis la promotion de l’intimité et de la vie familiale, en commun jusqu’au respect de la vie naissante et à la liberté effective de choix dans l’éducation intégrale des enfants.

2) Aux élèves :

Quant à vous chers élèves qui êtes encore sur les bancs en quête de savoir et de bien-être, quand on est jeune, on doit avoir l’ambition d’atteindre le meilleur en tout point de vue. A partir du moment où s’arrête cette ambition, commence un vieillissement précoce. La vie est un combat dans lequel il faut s’engager ensemble et avec courage. Pour ce faire, je formule à l’adresse de chacun de vous quelques interpellations

Sept interpellations :

Sachez que :

1) la réussite se trouve au bout de l’effort, un effort soutenu au quotidien ; évitez donc les différents raccourcis faciles = tricheries, malhonnêteté pour réussir.

2) les cellulaires que vos parents ou amis vous ont donné doivent servir à communiquer pour le BIEN, pas à envoyer des messages pour que vos camarades viennent faire sortir des salles de classe. Nous assistons à une véritable « dictature » dont vous devez vous libérer !

3) les motos que vos parents vous ont acquises doivent d’abord et surtout servir à aller à l’école. Je vous recommande encore de faire moins de vitesse sur la route. Ne mettez pas votre vie et celle des autres en danger inutilement ; ne mettez pas vos amis et vos familles dans la peine en provoquant des accidents. Votre vie et votre santé constituent un don de Dieu. Prenez-en soin !

4) la drogue, l’abus d’alcool, la pornographie, la sexualité désordonnée, la prostitution, les avortements, la désobéissance aux éducateurs doivent être bannis à jamais de votre vie et de votre milieu scolaire. Jésus vous aime ; ne le décevez pas. L’avortement est considéré par l’Eglise comme un homicide. Tuer un fœtus vivant est un délit, un péché très grave. La législation de l’Eglise est ferme à ce sujet. Le canon 1398 du C.I.C. stipule que : Quiconque procure un avortement, si l’effet s’en suit, encourt l’excommunication « latae sententae ».

L’excommunication (= sanction pénale) concerne aussi bien l’auteur direct que les complices. C’est un péché dit ‘’réservé’’, c’est-à-dire un péché dont l’absolution est réservée aux évêques.

5) Vous ne devez pas suivre vos camarades qui sont sûrs d’échouer et qui veulent vous faire échouer avec eux ; ayez de la personnalité et ne vous laissez pas influencer négativement et compromettre ainsi votre avenir.

6) C’est chacun qui travaille personnellement pour sa réussite ; le temps ne vous attend pas ; le temps avance. Ne baissez jamais les bras devant les difficultés et l’effort à fournir.

7) A tous, je rappelle que la paix reste un don de Dieu à accueillir par tous. Il sera toujours le fruit des efforts de l’homme. J’en appelle à plus de prières et d’efforts pour la paix sociale, la paix dans les établissements, en classe, la paix au Burkina, en Afrique et dans le monde.

C’est donc confiant en l’avenir de notre Eglise et de notre pays et animés de sentiments d’espérance que nous inaugurons ce jubilé du collège saint Jean-Baptiste de la Salle en implorant la bénédiction de Dieu sur tous les élèves, sur le travail d’éducation des professeurs et sur les familles.

Puisse le Seigneur nous garder tous unis dans l’amour pour avancer avec lui, toujours avancer, jamais en arrière, et aller en eau profonde (Duc in altum !) dans la paix et la réussite, dans l’excellence!

Jésus est la vigne et nous sommes les sarments. « Sans moi, vous ne pouvez rien faire », nous dit-il. Mettez –le donc au cœur de vos vies et vos entreprises et alors, il saura les faire porter du fruit, un fruit qui demeure.

Daigne la Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église et notre Mère, et saint Jean-Baptiste de la Salle, prier pour vous et vous accompagner quotidiennement.

 

Bonne année scolaire 2013-2014 !

Heureux jubilé à tous et à toutes !

Ad multos annos !

 

Ouagadougou, le Samedi 02 Novembre 2013

Mgr Philippe OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou