15 août 2013 - Homélie

- Excellences Messeigneurs les archevêques et évêques,

- Chères autorités politiques, administratives, militaires et paramilitaires, religieuses et coutumières,

- Chers prêtres, religieux, religieuses, catéchistes,

- Chers fils et filles de l’Église Famille de Dieu,

La grâce et la paix de notre Seigneur Jésus- Christ soient toujours avec vous !

C’est par ce souhait que j’adresse à chacun de vous la bienvenue au sanctuaire marial de Yagma. Je rends grâce au Seigneur de vous voir en si grand nombre, venus des différentes paroisses de l’Archidiocèse de Ouagadougou et des autres Églises particulières du Burkina Faso.

Un double évènement nous réunit aujourd’hui, en ce 15 Août 2013 :

- La fête de l’Assomption de la Vierge Marie et

- L’érection de l’église de Yagma en Basilique Mineure.

 

I. En communion avec tous les Chrétiens du monde entier nous célébrons aujourd’hui, l’Assomption de la Vierge Marie, c’est-à-dire, l’Élévation au ciel corps et âme de la vierge Marie.

Monseigneur Philippe OUEDRAOGO pendant la procession mariale

 

Cette fête rappelle une double vérité essentielle de notre foi :  Le corps de la Vierge Marie n’a subi aucune corruption.

Mais aussi qu’elle a triomphé de la mort et qu’elle a été glorifiée dans le Ciel à l’exemple de son Fils Unique Jésus-Christ.

C’est bien ce que nous enseigne le Pape Pie IX lors de la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception, définissant la foi catholique relative à l’Assomption de Marie : « Elle a obtenu comme couronnement suprême de ses privilèges d’être préservée de la corruption du tombeau. A la suite de son Fils, après avoir vaincu la mort, elle a obtenu d’être élevée corps et âme à la gloire suprême du ciel, pour y resplendir, en qualité de Reine à la droite de son fils, le Roi immortel des siècles ».(Pie IX, Bulle Ineffabilis, du 8 décembre 1854)

Rien n’est impossible à Dieu :

- pas même s’abaisser pour devenir un enfant par l’incarnation

- ou même combler la mère de son Fils de grâce et privilège spécial : « Au terme de sa vie terrestre, l’Immaculée, Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, a été prise au ciel corps et âme dans la gloire céleste » (Pie XII, Constitution « Munificentissimus »)

Dans le Credo ou symbole de notre foi, nous professons : « Je crois et j’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. » C’est dire que la passion-mort et résurrection de Jésus a ouvert tout grand les portes de la vie éternelle. Aussi, sommes-nous invités aujourd’hui à raviver notre foi que « Marie vit corps et âme auprès de Dieu pour l’éternité »

En outre, Marie nous a précédés dans la vie éternelle. Elle nous a devancés et elle nous y attend. Nous sommes donc appelés à la même destinée.

L’entrée au ciel de Marie constitue une première réalisation de la promesse de son Fils : « je vais vous préparer une place...je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi » (Jn14, 2-3).

A la suite de la Vierge Marie, c’est bien tous les autres membres du corps qui sont appelés à partager la gloire du Christ.

Célébrer l’Assomption, c’est célébrer notre propre exaltation tout en nous réjouissant de celle de Marie.

Marie reste pour chacun de nous un chemin royal pour parvenir au ciel, notre destinée éternelle.

Mettons-nous résolument à son école ; « je suis la servante du seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole » dit-elle à l’ange.

- Elle est proclamée bienheureuse parce qu’elle a cru. En cette année de la foi ravivons notre foi en Dieu, en Christ, notre Unique Sauveur. Dans nos vies souvent éprouvées par la souffrance, la maladie, les incompréhensions, les déceptions, le désespoir...

Imitons la foi de Marie. Croyons que Jésus est toujours là présent fidèlement. Dieu n’abandonne jamais l’homme. C’est l’homme qui, si souvent, abandonne Dieu. Plutôt que de compter sur les hommes, les grigris et autres, misons sur Dieu seul et abandonnons-nous à son amour miséricordieux.

La sagesse populaire de chez nous enseigne : « A celui qui a une maman il ne manquera jamais de farine ».

De la croix, à travers l’Apôtre Jean, Jésus nous a donné Marie pour Mère. « Voici ta mère »

En cette fête de l’Assomption, ravivons notre amour et notre fidélité à la Vierge Marie. Si nous passons par elle, nous pouvons aller sûrement à son Fils Jésus.

Le Rosaire, le chapelet, pour nous catholiques, constituent une prière puissante, efficace, comme le dit Saint Louis Marie Grillon de Montfort.

Des hérétiques ont haï et méprisé la prière de l’Ave maria et le chapelet comme une dévotion de femmelettes qui n’est bonne que pour les ignorants et ceux qui ne savent point lire.

« Ô mes prédestinés, esclaves de Jésus en Marie, apprenez que l’Ave Maria est la plus belle de toutes les prières après le Pater (Notre père), le parfait compliment que vous puissiez faire à Marie. L’Ave Maria bien dit, c’est-à-dire, avec attention, dévotion et modestie, est, selon les saints, l’ennemi du diable qui le met en fuite, et le marteau qui l’écrase. » (cf. Saint Louis Marie Grillon, n° 253, ou ACIM p.15-16).

Frères et sœurs, ayons donc une grande dévotion pour la prière de l’Ave Maria, le chapelet et même le Rosaire, tous les jours, si le temps vous le permet.

II. La concession du titre de Basilique Mineure

 

Une vue de la basilique mineure et des nombreux fidèles pendant la procession mariale

 

Chers frères et sœurs,

En ce jour béni, de par la grâce de Dieu et la bienveillance du Siège Apostolique, est accordé à l’église de Yagma, le titre et la dignité de Basilique mineure. Le Décret de Concession daté du 20 mars 2013 vous a été lu avant le gloria.

Parmi les églises d’un diocèse, l’église cathédrale tient la première place et jouit d’une dignité particulière. En elle est placée la « Cathedra », c’est-à-dire, le Siège épiscopal, signe du pouvoir et du magistère de l’évêque, Père et Pasteur du diocèse, signe de communion avec la Chaire de Pierre.

Ensuite viennent les églises paroissiales, avec les églises succursales qui sont les sièges des diverses communautés du diocèse.

En outre, il y a les sanctuaires où viennent en pèlerinage les fidèles chrétiens du diocèse ou ceux des Églises particulières.

Parmi ces églises-sanctuaires, se trouvent quelques unes, qui ont une importance particulière, décorées par le Souverain Pontife du titre de Basilique mineure, lequel titre manifeste un lien particulier avec l’Église romaine et le Souverain Pontife.

- Désormais, l’église de Yagma jouit d’un titre et de la dignité de Basilique Mineure. Des droits et devoirs sont attachés à une Basilique dans le domaine liturgique et pastoral.

Après le concile Vatican II, dans le Décret « Domus Dei » du 6 juin 1968, la Sacrée Congrégation des Rites stipule certaines normes dont je voudrais faire brièvement l’économie.

- La Basilique, dans le diocèse, doit se montrer le centre de référence de l’activité liturgique et pastorale, surtout pour les célébrations de la Très Sainte Eucharistie, de la pénitence et des autres sacrements.

- Pour promouvoir des célébrations liturgiques dignes et exemplaires, il est nécessaire qu’il y ait un nombre convenable de prêtres, notamment des confesseurs. Auprès d’une Basilique mineure, on doit promouvoir la formation liturgique des fidèles par des rencontres et même des cours d’enseignement.

- Avec grand soin, on doit préparer et accomplir les célébrations de l’Année liturgique, notamment l’Avent, la Nativité, le Carême, Pâques.

La Parole de Dieu doit être annoncée avec soin dans les homélies ou prédications extraordinaires. Doit être promue, la participation active des fidèles tant à la célébration eucharistique que la liturgie des heures, particulièrement, les Laudes et les Vêpres. Il convient en outre de promouvoir des chorales et de chanter le Latin (Gloria, Credo, Pater) notamment aux grandes assemblées extraordinaires.

- Dans la Basilique Mineure, les fidèles du Christ peuvent obtenir une indulgence plénière, c'est-à-dire la privation des peines dues à nos péchés, en remplissant les trois conditions habituelles : confession sacramentelle, communion eucharistique et prière à l’intention du Souverain Pontife. Et cela notamment :

- Au jour anniversaire de la dédicace de la Basilique (10 février)

- Au jour anniversaire de la proclamation du titre et de la célébration liturgique du titulaire, c’est-à-dire le 15 août, fête de l’Assomption de la Vierge Marie.

- A la fête des Saints Apôtres Pierre et Paul (29 juin)

- Une fois l’an au jour déterminé par l’Ordinaire du lieu = 1er janvier, fête de la Mère de Dieu.

- Une fois par an au jour librement choisi par chaque fidèle tel : fête patronale, anniversaire de baptême, mariage, ordination sacerdotale, profession religieuse....

III. Basilique = lien de communion

Dans son exhortation post-synodale « Ecclesia in Africa », l’Église en Afrique, le Pape Jean-Paul II nous interpelle en ces termes : « l’Église ne peut avancer qu’en renforçant les liens de communion entre ses membres, à commencer par ses pasteurs » (n° 17).

La Basilique Mineure constitue un lien particulier de communion de notre Église famille de Dieu avec la Cathédrale romaine de Pierre et le Souverain Pontife, le Pape François. Cela devrait se manifester concrètement par notre indéfectible fidélité au Magistère pétrinien et la personne même de notre Saint Père François. A Yagma nous prierons constamment pour lui notamment au jour anniversaire de son élection (13 mars) et à la solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul (29 juin).

A Rio de Janeiro par exemple, se sont déroulées du 22 au 29 juillet 2013, les 28ème Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ). Ce fut un kairos, un événement apocalyptique de grâce et de communion qui a réuni plus de trois millions de personnes avec la participation de près de 800 évêques dont 300 évêques-catéchistes. Votre serviteur y a participé comme évêque-catéchiste. Je puis alors témoigner. Depuis son élection le 13 mars 2013 le Pape François a tracé un sillon entre les collines de la ville éternelle qu’il a su confirmer à Rio. Pape des pauvres, humble et déterminé, ce disciple de Saint François nous appelle à promouvoir ensemble une Église servante, une Église humble, une Église fraternelle.

A Rio il a fustigé le « mal », le péché présent dans notre histoire et les idoles qui semblent fallacieusement donner espérance : l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.

Dans la culture du provisoire, du relatif qui caractérise notre temps, beaucoup prônent que l’important, c’est de jouir du moment présent-« carpe diem noctemque »- disaient les épicuriens. Le Pape demande aux jeunes et à nous tous, fidèles du Christ, d’être révolutionnaires : « Je vous demande d’être révolutionnaires ! Oui je vous demande de vous rebeller contre cette culture du provisoire, du relativisme, du consuvisme, … Ayez le courage d’aller à contre-courant. Et ayez aussi le courage d’être heureux. »

Le Pape puise dans la prière et l’exemple de la Vierge Marie la force nécessaire pour sa mission apostolique.

En rendant grâce au Seigneur aujourd’hui pour le don d’une nouvelle Basilique mineure-la première au Burkina Faso- et confiant en la protection maternelle de Marie, n’ayons de cesse de prier pour notre Pape François pour la fécondité de son pontificat

N’ayons de cesse de prier pour le Burkina Faso qui passe par un moment délicat de son histoire. Puissent tous les protagonistes de la Scène sociopolitique être épris du bien commun, dans le dialogue sincère et le respect mutuel.

On ne le dira jamais assez :

- seul l’amour est capable de transformer de façon radicale

- les rapports que les êtres humains entretiennent entre eux, entre différents protagonistes

- seule une humanité dans laquelle l’amour vaincra, sera en mesure de promouvoir la réconciliation, la justice sociale une paix véritable et durable.

- Bienheureuse Vierge Marie, entre tes mains, nous te confions notre jeunesse, nos familles, nos dirigeants sociopolitiques, les différentes couches de notre population, nos communautés chrétiennes, et surtout les pèlerins ici présents aujourd’hui. Amen !

+Philippe OUEDRAOGO,
Archevêque métropolitain de Ouagadougou