1er Décembre 2012

Excellence Monseigneur Justin KETEGA, évêque de Ouahigouya,
Excellence Monseigneur Joachim OUEDRAOGO, évêque de Koudougou,
Excellence Monseigneur Gabriel SAYAOGO, évêque de Manga,
Chers prêtres, religieux (ses), fidèles laïcs,
Chers petits frères du Monastère Jésus Sauveur de Honda.

En ce jour béni, que la grâce et la paix de notre Seigneur Jésus Christ soient toujours avec vous !

Oui aujourd’hui, le Seigneur nous donne de célébrer ici à Honda un double événement en Eglise famille de Dieu.

Au nom de notre Eglise famille de Dieu, nous souhaitons la bienvenue à vous tous, qui avez bravé le froid et les mauvaises routes, pour ce rendez-vous d’action de grâce, de supplication et d’espérance en faveur du Monastère Jésus Sauveur de Honda.

I- Charles de Foucauld

Pour mémoire, Charles de Foucauld est né à Strasbourg, en France, le 15 Septembre 1858, et est mort en Algérie à Tamanrasset, le 1er Décembre 1916.

Orphelin de père et de mère à 6 ans, il perdit la foi de son enfance au cours de sa jeunesse. Il ne trouvait pas le bonheur dans les fêtes et les plaisirs de la vie, et cherchait désespérément un sens à sa vie : « Mon Dieu, si vous existez, faites-le moi connaître ». Sous l’influence de sa famille et grâce à un prêtre, L’Abbé Huvelin, il se convertit et retrouva le chemin de la vie. Désormais, il ne veut plus vivre que pour Dieu seul. Un pèlerinage en Terre Sainte lui fit découvrir Jésus de Nazareth, il quitte tout, pour vivre et imiter la vie cachée de Jésus pendant trente (30) ans à Nazareth. Il devient Moine-trappiste-cistercien, et prêtre. Il partit s’installer dans le Hoggar Algérien pour donner Jésus aux peuples éloignés et délaissés, tels que les Touaregs. Le soir du 1er Décembre 1916, pendant la 1ère guerre mondiale, un groupe de rebelles nomades le surprend dans son ermitage ; un jeune qui le gardait, pris de panique, tire à bout portant et Charles meurt sur le coup.

Le dimanche 13 Novembre 2005, Charles de Foucauld fut béatifié dans la Basilique Saint Pierre de Rome par le Pape Benoît XVI. En le béatifiant, l’Eglise reconnaît l’authenticité de son cheminement et de son charisme spirituel, qu’elle propose désormais à tout le peuple de Dieu, en ce début du 21ème siècle. Le 1er Décembre de chaque année est retenu pour commémorer le Bienheureux Charles de Foucauld.

Frères et sœurs, vous comprenez pourquoi, le 1er Décembre constitue un jour symboliquement important pour les différentes composantes de la famille Foucauldienne : soit dix (10) congrégations religieuses et sept (07) associations spirituelles de prêtres et de Laïcs, hommes et femmes.

Nous souhaitons bonne et heureuse fête aux membres de la famille Foucauldienne notamment aux petites sœurs de Jésus, à la fraternité séculière Jésus caritas, à la fraternité sacerdotale Jésus Caritas.

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt il porte beaucoup de fruits ».

II - Honda = don de Dieu à son Eglise

Le Bienheureux Charles de Foucauld, de son vivant rêvait de fonder des congrégations religieuses : les petits frères du Sacré-Cœur, et des petites sœurs du Sacré-Cœur. Il a même écrit une règle, mais il est mort sans pouvoir réaliser son rêve. Il a fallu ses fils spirituels providentiels tels le Père René Voillaume, décédé le 13 mai 2003, et petite sœur Madeleine de Jésus décédée le 15 novembre 1989, et pour interpréter son charisme et fonder des instituts religieux, véritables contemplatifs au cœur du monde.

Au nombre des héritiers spirituels du Frère Charles, fondateurs de congrégation, on pourrait citer aujourd’hui petit Frère Emmanuel KALMOGO, fondateur du Monastère Jésus sauveur de Honda.

L’histoire de Honda est une histoire d’amour en faveur de l’accomplissement du mandat missionnaire laissé par Jésus à l’Eglise, à tous les baptisés « Allez dans le monde entier, proclamer l’Evangile à toute la création (Marc 16,15) ».

En effet, le 23 Novembre 1966, à mon ordination au bark yùùmde de Ouahigouya, au nombre de mes rêves missionnaires figurait = fonder un petit séminaire pour cultiver les vocations sacerdotales dans le contexte socio-culturel de notre Eglise particulière, et implanter deux (02) Monastères masculin et féminin afin de constituer deux foyers de prières intenses et continuelles pour soutenir et féconder l’effort d’évangélisation dans le diocèse de Ouahigouya.

Le Maître de la moisson a béni le travail des différentes commissions « ad hoc » que je salue avec gratitude. Ainsi, fut créé le petit séminaire Notre Dame de Nazareth en septembre 2001. De façon providentielle, le Seigneur a béni les différentes tractations initiées par Monseigneur Philippe, et parachevées par Monseigneur Justin KIENTEGA. Ainsi, une communauté de Sœurs Clarisses, natives du Rwanda, envoyée par la maison mère d’Assise, est provisoirement installée à Gourcy, en vue de se transférer et de s’établir au sanctuaire marial de (Saye), près de Ouahigouya.

Aujourd’hui, l’Eglise Famille de Dieu qui est à Ouahigouya et au Burkina Faso Niger se réjouit et rend grâce à Dieu pour la naissance en son sein d’une famille monastique masculine autochtone, initié voilà bientôt 11 ans. En effet, c’est le 15 Août 2001, après une tornade battante, que l’ordinaire du lieu a célébré l’Eucharistie, et signé le « nihil obstat », accordant l’approbation ecclésiale pour initier le processus de fondation du Monastère Jésus sauveur de Honda. « Jésus Sauveur » fut choisi parmi une dizaine de noms proposés, en référence à la spiritualité Foucauldienne.

Dans son Exhortation Apostolique post-synodale « Africae Munus », le Pape Benoît XVI nous rappelle que « l’Afrique est le berceau de la vie contemplative chrétienne... et il demande au Seigneur de bénir les hommes et les femmes qui ont décidé de le suivre de manière inconditionnelle. Leur vie cachée est comme le levain dans la pâte. Leur prière continuelle soutiendra l’effort apostolique des évêques, des prêtres, des autres personnes consacrées, des catéchistes et de toute l’Eglise (A.M. n° 119).

Frères et sœurs, le Saint Père situe très bien la quintessence, la signification profonde de la vie contemplative et le Monastère Jésus sauveur de Honda s’inscrit bien dans la foi et l’espérance de l’Eglise catholique. Le petit frère Emmanuel KALMOGO, en communion avec l’évêque diocésain, a voulu le monastère Jésus sauveur, Foucauldien et contemplatif, basé sur la règle de Saint Benoît et interprété par la tradition cistercienne de la stricte observance. Il tient son charisme de la spiritualité de Nazareth, selon l’expérience du Bienheureux Charles de Foucauld, centré sur la Parole de Dieu et l’adoration Eucharistique, pour le salut de tous les hommes, notamment ceux qui ne connaissent pas encore Jésus, ou ne l’acceptent pas comme l’unique sauveur. Par décret formel, selon le pouvoir que lui confère de droit canonique, l’ordinaire du lieu érigera le Monastère Jésus sauveur de Honda en Association publique de fidèles (cf. canon 312, 1-3), en vue de devenir « un prieuré sui iuris » de droit diocésain.

En outre, les constitutions sont approuvées « ad experimentum » conformément au canon 587 du C.I.C.

Frères et sœurs, aujourd’hui, en votre présence à tous, et par le soutien de votre fervente prière, les trois premiers novices, après une dizaine d’années de préparation, sont admis par l’évêque diocésain à prononcer leurs professions temporaires conformément aux normes canoniques et aux constitutions de leur institut monastique naissant.

Cela inaugure une étape significative, pour un nouveau départ, plein d’espérance, que nous confions au Maître de la moisson.

III – Profession temporaire des petits frères

Chers frères et sœurs,

A l’instar de toutes les personnes consacrées, les trois premiers novices du Monastère Jésus Sauveur de Honda vont professer leurs vœux temporaires. L’importance de cette démarche n’échappe à personne, car « l’état de ceux qui professent les conseils évangéliques nous enseigne le Concile Vatican II, appartiennent à la vie et à la sainteté de l’Eglise » (Lumen Gentium, n° 44).

La Consécration Religieuse

Que signifient les professions temporaires de ce matin ?

La consécration religieuse est un don de Dieu, et renvoie à la consécration baptismale.

Le baptême purifie, sanctifie, régénère, vivifie et consacre la personne du baptisé au point d’en faire « une propriété de Dieu. »

Quant à la consécration religieuse, tout comme celle sacerdotale, elle constitue une nouvelle consécration selon une belle affirmation du Concile Vatican II :

« A un titre nouveau et particulier, le religieux est entièrement livré à Dieu. La profession des conseils évangéliques répond à une vocation divine et constitue une consécration particulière qui s’enracine intimement dans la consécration du baptême et l’exprime avec plus de plénitude » (Perfectae Caritatis, n°5).

L’appel du baptisé à la vie consacrée, active ou contemplative comporte la profession des conseils évangéliques de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.

La chasteté

La chasteté est un don, une grâce de prédilection de Dieu. L’Eglise, selon une tradition ancienne qu’elle a établie et maintient, invite tous les religieux à faire le vœu de chasteté. L’article 22 des constitutions des Petits Frères stipule : Par le vœu de chasteté, « nous livrons à Dieu toutes nos capacités d’amour et de procréation, devenant une continuelle offrande devant Dieu », pour être entièrement disponible à Dieu pour le service de l’Eglise et de l’humanité ». De nombreuses recommandations pratiques visent à permettre au moine de Jésus Sauveur à vivre avec sérieux et fécondité le vœu de chasteté.

La pauvreté :

A la suite de Jésus qui s’est fait pauvre et humble parmi les hommes, le moine fait également le vœu de pauvreté, plaçant ainsi en Dieu tout son trésor, considérant tout comme balayure (Phil 3), subordonné aux valeurs du Royaume. Ce vœu engage la personne à être pauvre en fait et en esprit. Le moine n’a pas de biens propres. Il dépend matériellement de sa famille monastique.

L’Obéissance :

A la suite du Christ obéissant jusqu’à « la mort sur la croix, le religieux fait complètement l’offrande de sa volonté et de sa liberté à celui qui l’a laissé prendre sa vie : Jésus. L’article 28 des constitutions précise que « dans la règle de Saint Benoît, premier maître et guide de notre vie monastique, une très grande place est donnée à l’obéissance. Les moines de Honda acceptent cette obéissance comme une exigence de la vie religieuse et monastique ; ils comprennent qu’elle est nécessaire pour l’efficacité et la fécondité de la vie communautaire ».

Le vœu de stabilité :

A la différence des religieux de vie active, les frères de Honda le stipule en ces termes : « puisque nous ne sommes pas des religieux de vie active, les besoins ou les nécessités de l’apostolat ne nous imposent pas des changements de paroisses et donc pas de communauté. Une existence à la communauté d’un seul monastère de la congrégation, celui où nous avons fait notre profession perpétuelle ».

Le magistère pontifical invite tous les religieux à suivre le plus fidèlement possible le charisme de leurs fondateurs, leurs pensées et leurs projets (Cf. Africae Munus, n°118).

Le charisme des Petits Frères du Monastère Jésus Sauveur de Honda est un processus, initié et appelé à se préciser et à s’approfondir progressivement. L’option contemplative est fondamentale. Ainsi, « les moines de Honda mettront la prière au cœur de leur vie qui est contemplative. A la suite du Christ, ils révèleront aux hommes que Dieu est amour. Pour que leurs gestes, leurs paroles, leurs actions témoignent de cet amour pour tous les hommes, ils l’accueilleront en leurs vies dans la prière. La contemplation du mystère de Jésus Christ convertit le regard, change le cœur, dispose à vivre selon l’Evangile et nourrit l’être intérieur ». (cf. Constitutions, n° 34). Ceux et celles qui suivent le Christ trouvent en lui le secret et la joie de vivre ensemble : ainsi l’amour mutuel et la communion fraternelle, quotidiennement consolidés par l’Eucharistie et la liturgie des heures. (Cf. A.M., 117).

Bien chers Raphaël, Norbert et Philippe ; Toute l’Eglise Famille de Dieu du Burkina Faso Niger, en particulier le diocèse de Ouahigouya, et tous les membres de la famille foucauldienne vous présentent leurs vives félicitations et leurs encouragements et l’assurance de leur fervente prière.

- Daigne le maître de la moisson achever en vous ce qu’il a si bien commencé.

- Daigne vos saints tutélaires

- Sainte Marie auprès de la Croix

- Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

- Le Bienheureux Charles de Foucauld

- Et les Anges Gardiens,

veiller sur vous et vous rendre toujours plus forts, plus saints et plus missionnaires,

- pour la gloire de Dieu et pour le salut des hommes.

- Que cette Eucharistie et l’évènement que nous vivons nous sanctifient davantage. Ainsi, pourrons-nous comme Charles Foucauld, être tout donné à Dieu, lui le Vivant pour les siècles de siècles, AMEN.

 

+Monseigneur Philippe OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

 

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