Homélie lors de la Commémoration de la Journée Internationale de la Paix (2ème édition)

Cathédrale de Ouagadougou, le 21 septembre 2010 à 18h30)

Chers Frères et Sœurs,

La grâce et la paix de Notre Seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous !

Aujourd’hui, 21 septembre, en la fête de St Mathieu Apôtre, nous célébrons la Journée Internationale de la Paix. Au nom de notre Eglise Famille de Dieu, j’exprime notre sincère gratitude aux membres de la Commission diocésaine « Justice et Paix » qui a eu l’heureuse initiative de la 2ème Edition de la journée de réflexion et de prière pour la paix dans le monde.

Et merci à vous tous qui avez bien voulu y adhérer généreusement en participant effectivement à la présente célébration eucharistique pour la Réconciliation, la Justice et la Paix dans le monde, en Afrique, au Burkina Faso.

Frères et Sœurs,

Certaines personnes pourraient se demander pourquoi et comment une Journée Internationale de la paix.

La Journée Internationale de la paix a été décidée en 1981 en vertu de la résolution 36/67 de l’Assemblée Générale des Nations Unies pour cadrer avec sa séance d’ouverture, qui se tient annuellement le troisième mardi de septembre. La première Journée de la paix a été observée en septembre 1982. En 2001, l’Assemblée Générale a unanimement adopté la résolution 55/282, établissant le 21 septembre comme Journée annuelle de non-violence et de cessez-le-feu. Les Nations Unies invitent tous les pays et tous les peuples à respecter l’arrêt des hostilités durant cette journée et à la commémorer avec des mesures éducatives et de sensibilisation du public aux questions liées à la paix.

Le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moom, a annoncé que la Journée Internationale de la Paix, qui tombe mardi, aurait pour thème « La Paix, la Jeunesse et le Développement », tout en exhortant les jeunes à travers le monde à promouvoir la paix.

En 1981, l’Assemblée Générale de l’ONU a fixé, dans la résolution 36/37, au 3ème mardi du mois de septembre, qui marque l’ouverture des sessions régulières de l’Assemblée Générale, la Journée Internationale de la Paix destinée à commémorer et à consolider les idées pacifiques.

C’est en 2002 que l’Assemblée Générale a officiellement fixé au 21 septembre la date permanente de la Journée Internationale de la Paix.

Cette année la Journée Internationale de la Paix tombe au même moment qu’un important sommet sur les objectifs du Millénaire pour le développement, avec la plus large campagne d’action mondiale contre la pauvreté. Cet événement réunit les dirigeants du monde aux Nations Unies, à New York, du 20 au 22 septembre 2010.

De plus, l’Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé 2010 comme l’Année Internationale de la Jeunesse : Dialogue et compréhension mutuelle. Une campagne devant être lancée par le Département des Affaires Economiques et Sociales des Nations Unies (DAES), le 12 août, assurera la promotion des idéaux de respect des droits de l’homme et de solidarité entre les générations, cultures, religions et civilisations. Il s’agit là d’élément-clé renforçant les fondements d’une paix durable.

La jeunesse, la paix et le développement sont étroitement liés : la paix permet le développement, ce qui est primordial pour fournir des opportunités aux jeunes, particulièrement dans les pays sortant de conflits. Des jeunes en bonne santé et éduqués représentent un aspect crucial pour le développement durable et la paix. La paix, la stabilité et la sécurité sont essentielles pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement, qui visent à réduire considérablement la pauvreté, la faim, la maladie, le décès maternel et la mortalité infantile d’ici 2015.

Le Secrétaire Général de l’ONU a reconnu l’incroyable potentiel de la jeunesse, lequel doit être exploité de manière à ce que ces objectifs soient atteints pendant la durée de leur existence.

Pour sa part, l’Eglise Catholique a retenu le 1er Janvier de chaque année comme Journée de prière pour la Paix, par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Jésus, Mère de l’Eglise.

Le thème retenu pour la Journée Internationale : « La Jeunesse, la Paix et le Développement » constitue un défi majeur pour notre monde. Et il est heureux que l’Eglise coopère et contribue à relever ce défi par la prière, par la conscientisation et des actions multiformes.

Comme vous le savez, la 2ème Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques, célébrée à Rome du 4 au 25 octobre 2009, a été très attentive au défi relatif au thème proposé pour la Journée Internationale de la Paix.

Par rapport à la jeunesse, les Pères synodaux sont partis d’un constat :

En Afrique, aujourd’hui, la jeunesse constitue la majorité de la population, et elle est un don et un trésor de Dieu pour lequel toute l’Afrique est reconnaissante. On doit l’aimer, l’estimer et la respecter. En outre la jeunesse est la force et l’espérance de l’Eglise et la société.

Le Secrétaire Général de l’ONU reconnaît avec justesse « l’incroyable potentiel de la jeunesse » pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. Malheureusement, cette jeunesse est confrontée à d’énormes problèmes et défis, qui la rendent vulnérable en raison d’une formation et d’une éducation personnelle inadéquates, du chômage, de l’exploitation politique, de la drogue, etc…

Les Pères synodaux sont profondément préoccupés du sort de la jeunesse et font un certain nombre de recommandations.

Les églises locales sont invitées à mobiliser des ressources et à établir des centres d’enseignement professionnel et de formation humaine en collaboration avec les structures étatiques et autres :

- Des formations à l’entreprenariat et à la création d’emplois

- Des formations catéchétiques et bibliques continues dans le sens de la réconciliation, la justice et la paix.

En outre, doivent être organisées au plan national, diocésain et paroissial des Commissions de jeunes pour les aider à affronter et vaincre les multiples problèmes et défis auxquels ils sont confrontés.

Le second volet du thème de la Journée Internationale concerne la paix.

Pour nous les croyants, la paix est avant tout un don de Dieu, et par la suite le fruit de nos efforts. C’est pourquoi elle doit commencer dans le cœur de l’homme comme grâce donnée (cf. Jn 14,1).

La paix est un bien universel qui dépend du respect des droits des personnes humaines et de toute la création ; aussi devons-nous mobiliser nos énergies à son service.

L’Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques a lancé un appel fort en faveur des initiatives heureuses pour la résolution des conflits et la consolidation de la paix à travers le Continent Africain.

Réalisant un vœu du Concile Vatican II, le Pape Paul VI institua en 1967 la Commission Pontificale « Justitia et pax » dont la mission essentielle est d’inciter la communauté catholique à promouvoir la justice et la paix entre les nations.

C’est dans la même perspective que les Pères synodaux ont proposé la constitution de conseils de consolidation de la paix tant au niveau paroissial et diocésain qu’au niveau national et régional. Ces conseils, bien entendu, doivent être dotés de ressources adéquates en personnel et en matériel pour former le clergé et le laïcat à la pratique de la consolidation de la paix, du dialogue et des efforts de médiation. Une organisation permanente du dialogue interethnique et interreligieux est fort utile pour prévenir et gérer les conflits et construire une paix durable.

C’est dans ce sens que le Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux a adressé un message aux frères et sœurs musulmans à l’occasion de la fête de l’Aïd-al-fitr, le Ramadan. Le thème du message était intitulé : « Chrétiens et musulmans, ensemble pour vaincre la violence interconfessionnelle. »

- « La jeunesse, la paix et le développement » tel est le thème que les Nations Unies (ONU) nous donnent à méditer.

- La Journée International de la Paix du 21 septembre 2010 tombe au même moment qu’un important sommet qui se tient à New York sur les objectifs du Millénaire pour le développement. Dix ans après la ratification des objectifs pour le Développement par 189 pays du monde, l’ONU a choisi de faire une halte et de tenter de faire le bilan de la lutte contre l’extrême pauvreté et la misère. Le constat est amer : les objectifs du Millénaire pour le Développement ne seront pas atteints en 2015 comme planifiés – pour la plupart des pays – certes, des résultats positifs peuvent être relevés dans certains domaines tels l’augmentation du taux de scolarisation, une certaine régression de la mortalité infantile, la prise en charge d’un bon nombre de malades du paludisme ou du sida…

mais il ne faut pas se voiler la face : la situation de pauvreté -sinon de misère- est réelle et tragique : les pays riches n’ont pas respecté leurs promesses, la crise économique est venue compliquer la situation, la mal-gouvernance et la corruption ont eu des effets néfastes dans bon nombre de pays. Tout cela hypothèque l’avenir de millions d’hommes et de femmes et renvoie aux calendes grecques l’émergence des pays pauvres.

L’Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques a perçu avec justesse le drame du développement et a lancé un message fort d’espérance : « Afrique, lève-toi et marche » ! Le Synode a plaidé pour une économie au service des pauvres et dénoncé avec vigueur un ordre économique injuste qui a conduit à la perpétuation de la pauvreté.

L’Eglise Famille de Dieu en Afrique est appelée à renouveler son engagement au service des pauvres, des veuves et orphelins, des prisonniers, des exclus…

A l’instar de l’Eglise primitive, nos diocèses et nos paroisses et institutions doivent développer des initiatives courageuses pour prendre en charge leurs besoins et tendre au mieux à leur auto-prise en charge effective.

Aux gouvernants et dirigeants africains, les Pères du Synode rappellent que le plus grand défi pour réaliser la justice et la paix en Afrique consiste à bien gérer les affaires publiques dans les deux domaines connexes de la Politique et de l’Economie. Pour cela, il faut un vigoureux réveil des consciences et un amour sans faille du peuple. « C’est pourquoi l’Assemblée du Synode invite à faire monter vers le Seigneur une prière fervente pour que surgissent en Afrique des responsables politiques – hommes et femmes - saints… qui aiment leur Peuple jusqu’au bout et qui désirent servir plutôt que de se servir » (E.I.A., n° 110-111).

Frères et Sœurs,

La Journée Internationale pour la paix coïncide avec la fête de St Mathieu, un publicain appelé par Jésus qui a répondu avec promptitude et générosité… Jésus en a fait son apôtre ! « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades » (Luc 5, 31).

Jésus renverse donc les critères de l’exclusion, de catégorisation, de condamnation sans appel… Il s’agit d’exercer la miséricorde à l’égard de ceux qui en ont effectivement besoin…

Seuls la miséricorde et l’amour feront de nous tous des artisans de justice, de paix… pour bâtir un monde toujours plus digne de Dieu, un monde au service de l’homme et de tous les hommes.

Daigne le Seigneur nous entendre et nous exaucer. Amen.

Ouagadougou, le 21 septembre 2010

+Monseigneur Philippe OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de OUAGADOUGOU

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