Textes: Is 61, 1-3.6a; Col 3, 12-17; Lc 4, 14-22

Excellences,
Chers prêtres, religieux (ses),
Chers fidèles chrétiens de notre Église Famille diocésaine,

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ » (Ep 1,1).

En Église Famille de Dieu, nous accueillons avec joie, reconnaissance et action de grâce au Seigneur, les présentes ordinations presbytérales, une belle moisson qui révèle bien le dynamisme et la vitalité de nos communautés chrétiennes. En effet, les vocations sacerdotales et religieuses nées de nos familles, sont toujours portées et soutenues par les communautés chrétiennes ; et comme le soulignait avec justesse le Pape Paul VI, « Là où l’on vit généreusement selon l’Évangile, là jaillissent de nombreuses vocations à l’état clérical et religieux. » (Paul VI, Radio message, 11 avril 1964). Frères et sœurs, restons dans une dynamique d’action de grâce au Seigneur et répondons toujours à l’appel pressant de l’Église à édifier des familles et des communautés chrétiennes saintes, dynamiques et missionnaires, creuset de nombreuses et saintes vocations sacerdotales et religieuses.

I. La Parole de Dieu

Frères et sœurs, le livre du prophète Isaïe, dans la première lecture (61,1-6) nous présente le serviteur de Yahvé sur qui repose l’Esprit du Seigneur et qui est appelé à porter la Bonne Nouvelle aux pauvres et à apporter libération et consolation à ceux qui souffrent. Cette annonce du prophète s’accomplit pleinement en la personne du Christ qui, dans l’Évangile (Lc 4,14-22), prend à son compte l’oracle d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. » Le Christ se révèle donc comme le Messie venu accomplir et réaliser par sa vie et son ministère, ce qui avait été annoncé par la loi et les prophètes. Il est le Messie, l’oint de Dieu, en qui s’accomplit pleinement la parole de l’Écriture.

A la suite de Jésus, les prêtres consacrés par l’imposition des mains de l’Évêque et des prêtres concélébrants, doivent poursuivre sous la conduite de l’Esprit Saint, l’œuvre de salut entreprise par le Christ et confiée aux Apôtres. Saint Jean-Marie Vianney a donc raison d’affirmer que « c’est le prêtre qui poursuit l’œuvre de Rédemption sur la terre. » Chers ordinands, la lettre aux Colossiens, trace pour vous et pour nous un véritable programme de vie chrétienne et sacerdotale. Il s’agit d’un éventail de vertus, susceptibles de pétrir la vie du chrétien et du prêtre pour qu’ils vivent selon la volonté de Dieu et reflètent à la face du monde, le visage même du Christ, Messie, Grand prêtre et Sauveur du monde : « Revêtez votre cœur de tendresse, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous mutuellement et pardonnez…Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour », nous exhorte Saint Paul. C’est en incarnant ces attitudes que le chrétien et surtout le prêtre pourra être source de consolation, de libération et de salut pour les pauvres et ceux qui souffrent. A la lumière de la Parole de Dieu, se dégage l’identité du prêtre appelé à ressembler et à imiter le Christ dans sa vie et sa mission de salut.

II. Identité du prêtre

II.1. Le port de l’habit ecclésiastique comme signe de notre identité.

Dans leur lettre pastorale adressée aux prêtres de la Province Ecclésiastique de Ouagadougou, en mai 2016, les Évêques rappellent les dispositions du code de Droit canonique relatives au port de l’habit ecclésiastique ou religieux comme signe d’identité.

De nos jours, de plus en plus, on assiste à un abandon de l’habit ecclésiastique au profit de toutes sortes de vêtements. Pour quel motif camoufler son identité ? Le Canon 284 stipule que « les Clercs porteront un habit ecclésiastique convenable selon les règles établies par la Conférence des Évêques et les coutumes légitimes des lieux. »

Et le Canon 669 recommande aux religieux : « en signe de leur consécration et en témoignage de pauvreté, les religieux porteront l’habit de leur Institut selon la forme prescrite par le droit propre… Les religieux clercs d’un Institut qui n’ont pas d’habit particulier adopteront le vêtement du Clergé ».

Dans les normes complémentaires approuvées par le Siège Apostolique le 17 juillet 2013, les Évêques du Burkina-Niger recommandent à tous les prêtres le port de la soutane ou du clergyman au col romain.

Chers ordinands, s’il est vrai que « l’habit ne fait pas le moine », il aide néanmoins à reconnaître le moine ! En faisant ce que veut l’Église, nous faisons ce que veut notre Seigneur et Maître. L’habit ecclésiastique ou religieux a un caractère de signe d’appartenance et de consécration à Dieu et de témoignage public que chaque prêtre est appelé à donner de sa propre identité. Grâce à l’habit distinctif, les chrétiens et non-chrétiens peuvent facilement accéder au ministère dont les prêtres sont porteurs. Et comme nous le rappelle avec justesse le Pape Jean-Paul II : « Dans la société actuelle où le sens du sacré est tellement affaibli, les humains ont particulièrement besoin de ces renvois à Dieu, qui ne peuvent être négligés, sans que cela entraine un certain appauvrissement du service sacerdotal ».

II.2. Le port de l’habit ecclésiastique pour les actes liturgiques.

Les Évêques de la Conférence Épiscopale Burkina-Niger ont promulgué en avril 2012 un document liturgique intitulé : « Célébration de la messe selon les normes liturgiques en vigueur ». Chers Ordinands, vous serez ordonnés aujourd’hui et établis comme ministres pour la sanctification du Peuple de Dieu. Le gouvernement et l’organisation de la Sainte Liturgie dépend uniquement de l’autorité de l’Église. « La liturgie n’est jamais la propriété privée de quelqu’un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquelle les Mystères sont célébrés » (Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia, n° 52).

Chers Ordinands, soyez donc dociles et fidèles à l’Église et veillez à célébrer toujours en conformité avec les normes liturgiques. Vos Évêques de la Province Ecclésiastique vous invitent à observer les différentes directives dans un esprit de communion à l’autorité et de respect des mystères qui sont célébrés. Prenez bonne note de ce qui suit :

- le port de la soutane blanche pour la célébration de l’eucharistie et des actes liturgiques,

- et par voie de conséquence, l’interdiction de célébrer l’eucharistie dans la Province ecclésiastique en civil soit individuellement soit en concélébration,

- l’interdiction du port de la soutane kaki pour la présidence ou la concélébration de l’eucharistie,

- l’interdiction de porter directement l’étole sur la soutane pour présider ou concélébrer l’eucharistie,

- l’interdiction du port de la soutane kaki pour l’administration des autres sacrements et des sacramentaux quelque en soient le lieu et le jour,

- le respect des couleurs prescrites par la Conférence Épiscopale pour la confection de l’habit ecclésiastique,

- le port de la soutane ou du clergyman pour les jours ordinaires.

L’Eucharistie apparait comme le sommet de tous les sacrements, car elle porte à sa perfection la communion avec Dieu le Père, grâce à l’identification au Fils Unique par l’action du Saint Esprit. Il est du devoir de l’Église de veiller sur la célébration conforme et digne de ce Grand mystère (cf. Inst. Sacrement de la Rédemption, n° 13).

Chers Ordinands, retenez bien pour votre gouverne personnelle, l’observation pertinente du Saint Pape Jean-Paul II : « Il n’est pas rare que les abus s’enracinent dans une fausse conception de la liberté. Cependant, Dieu ne nous accorde pas dans le Christ cette liberté illusoire qui consiste à faire ce que nous voulons, mais la liberté qui nous permet de faire ce qui est digne et juste » (Jean-Paul II, Enc. Veritatis Splendor, n°35).

III. Moyens pour un ministère sacerdotal fructueux

Bien-aimés de Dieu et vous chers ordinands, dans un contexte mondial marqué par la sécularisation et le relativisme généralisé, il convient de réaffirmer l’identité profonde du prêtre selon le Magistère ecclésial. Le sacrement de l’Ordre consacre et configure le prêtre à Jésus-Christ, Tête et Pasteur, et le rend participant à sa mission d’annonce de la Bonne Nouvelle (cf. Pastores dabo vobis, n° 18). Une redécouverte et une prise de conscience de l’identité du prêtre peuvent d’une part orienter radicalement la vie et le ministère des prêtres de notre temps et d’autre part, conduire le Peuple de Dieu à tirer grandement profit de leur ministère d’enseignement, de gouvernement et de sanctification.

a) Ainsi, la vie spirituelle du prêtre est un chemin d’appropriation et d’intériorisation de son identité pour mieux accomplir sa mission, car la fécondité de sa vie sacerdotale en dépend. Se revêtir du Christ, vivre une intimité profonde avec lui et se laisser conquérir par lui, constituent autant d’orientations pour vivre un saint et fructueux ministère sacerdotal. Les prêtres, dit-on souvent, se sanctifient dans et par leur ministère ; cela n’est vrai et effectif qu’ à condition qu’ils vivent sous la conduite de l’Esprit Saint et dans une « communion existentielle avec le Christ » comme le recommande le pape Benoît XVI. D’où l’importance de la prière dans la vie du prêtre : l’oraison, la méditation de la parole de Dieu, la liturgie des heures, la réception fréquente du sacrement de la réconciliation et l’Eucharistie, célébrée et adorée avec ferveur… sont des moyens concrets pour cultiver cette communion profonde avec le Maître de la moisson. « L’identification au Christ, exige…de respirer dans un climat d’amitié et de rencontre personnelle avec le Seigneur Jésus…», nous enseigne le Pape Jean-Paul II (Homélie, 11 mars 1990). C’est le prix à payer pour s’unir davantage au Christ, pour l’aimer et accomplir sa volonté.

b) Faire des choix conséquents : suivre le Christ et s’engager sur le chemin du sacerdoce demande à faire des choix, notamment « le don total et exclusif de sa personne au Christ, à l’Église et au Règne de Dieu » (Benoît XVI, Africae Munus, n°111). La configuration ou la ressemblance au Christ comporte des signes et des engagements concrets, explicités par les conseils évangéliques joyeusement assumés et vécus dans l’obéissance, la pauvreté et la chasteté dans le célibat, ainsi que le détachement vis-à-vis des biens matériels. Vous êtes appelés chers ordinants, à vivre chastes, pauvres et obéissants, libres en tout et à l’égard de tous, pour l’annonce du Règne de Dieu.

De nos jours, l’argent, le pouvoir et le sexe mènent le monde et les prêtres ne sont pas à l’abri des tentations en la matière. Le sacerdoce est un don merveilleux que l’on ne saurait brader et sacrifier à l’autel des honneurs, de la richesse et des plaisirs de ce monde qui passe. Dieu est notre trésor véritable. L’essentiel est de garder les yeux fixés sur Jésus qui seul peut combler le cœur du prêtre et constituer sa seule raison d’être et de vivre. Ne cherchez ailleurs aucune source de réconfort et de consolation quand surviennent les épreuves, les tentations et les contradictions de toutes sortes inhérentes au ministère sacerdotal. En toute circonstance, la relation au Christ et la fraternité sacerdotale doivent vous aider à vous attacher à l’essentiel. « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus-Christ », vous rappelle l’Apôtre Paul. (Col. 3,17)

c) La charité pastorale, l’apostolat de la bonté : ressembler au Christ revient aussi à imiter sa « charité pastorale » empreinte de compassion, d’amour, de bonté et de miséricorde pour les pauvres et pour tous ceux qui souffrent. De fait, c’est la charité pastorale du Christ qui l’a conduit à s’offrir sur la croix pour le salut de l’humanité. A l’exemple du Christ qui est « venu servir et donner sa vie en rançon pour la multitude », vous devez vous mettre humblement au service de l’Église et des hommes par amour et pure gratuité et ce, jusqu’au don total de votre vie. Cela nécessité sacrifice et don de soi par amour pour Dieu et pour la cause de l’Évangile.

Bien chers Ordinands,

Pour terminer, je vous invite à contempler durant toute votre vie sacerdotale, le Modèle Unique, notre Bien-aimé Seigneur Jésus-Christ et la Bienheureuse Vierge Marie qu’il nous donne pour Mère ; c’est la Reine des Apôtres, la Mère du Sacerdoce.

- Par son « fiat », elle a su rester ferme dans la foi, docile à l’Esprit Saint.

- En outre, elle a su rester indéfectible dans la confiance et la soumission totale à la volonté de Dieu.

- Et tout cela, dans une humilité sublime jusqu’au pied de la Croix.

Mettez-vous donc à son école, sous sa protection maternelle et votre vie sacerdotale sera pleinement féconde pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Félicitations ! Saint et heureux ministère sacerdotal !!!

+Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

 

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