De quoi s’agit-il quand on dit « harcèlement moral » ? Il y en a eu plusieurs définitions, et chaque auteur peut justifier la sienne, selon la vision du phénomène, sa spécialité (médecin, juriste, syndicaliste, psychologue, psychiatre…). Pour nous comprendre, nous procédons à l’analyse de l’expression :

- Harceler, selon le dictionnaire « Robert », « c’est soumettre sans répit à des petites attaques répétées » ; par conséquent, le harcèlement est un acte qui ne prend son sens que dans la durée.

- Moral : le choix du terme moral implique une prise de position. En effet on se réfère à « ce qui est bien ou mal », « ce qui se fait et ce qui ne se fait pas », « ce qu’on estime acceptable ou inacceptable » dans notre société.

Il s’agit donc d’un phénomène relationnel qu’on ne peut pas étudier sans prendre en compte la perspective éthique ou morale, car d’un coté une personne a le sentiment d’etre maltraitée, méprisée, humiliée, écartée ou rejetée, tandis que de l’autre coté, une autre personne (morale ou physique) a posé un acte dont il faut connaître l’intentionnalité. Y avait-il vraiment l’intention de nuire ?

Les quelques pages qui suivent ont pour but de nous aider à comprendre le phénomène dans certaines de ses composantes, mais nous nous permettons d’en donner une définition comme repère de notre réflexion commune : « Le harcèlement moral peut se définir comme toute conduite abusive (geste, parole, comportement, attitude…) qui porte atteinte, par sa répétition ou sa systématisation, à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’une personne, mettant en péril l’emploi de celle-ci (arrêts de travail, troubles psychosomatiques, modifications psychiques) ou dégradant le climat de travail. »

Les échanges qui suivront le bref exposé nous aideront à redéfinir pour nous (notre société, notre contexte de travail) les contours du harcèlement moral, mais quelle qu’en soit la définition circonstanciée que nous lui donnions, le harcèlement moral est une violence à petites touches, qui ne se repère pas objectivement (ce n’est pas une faute professionnelle codifiée), mais qui est pourtant destructeur. Chaque attaque prise séparément n’est pas vraiment grave, c’est l’effet cumulatif des microtraumatismes fréquents et répétés, qui constitue l’agression, comme les gouttes d’eau qui, tombant successivement, de façon régulière et répétée, finissent par faire un trou dans le rocher. Le phénomène est parfois décrit sous le terme d’incivilités, qui par leur répétition, déstabilisent profondément des personnes atteintes, touchées ou qui ont subi ces incivilités. Nous aurons à cœur de préciser ce que représente pour nous des incivilités dans le contexte professionnel, afin de les éviter et nous épargner (réciproquement) leur effet destructeur.

Découvrons ensemble le harcèlement moral comme phénomène relationnel !

 

Abbé Robert ILBOUDO,
Archidiocèse de Ouagadougou
Août 2004, révisé en Janvier 2006.