Aux fils et filles de l’Eglise – Famille de Dieu au Burkina Faso et aux hommes de bonne volonté.

1. Que la Paix et la grâce de Notre Seigneur Jésus Christ soient toujours avec vous !

2. Il est de coutume qu’à l’occasion d’événements marquants de la vie de notre pays, nous vous adressions un message d’exhortation et d’encouragement.

Comme vous le savez tous, notre pays, le Burkina Faso, s’apprête à vivre bientôt des échéances électorales : les élections législatives et communales couplées. C’est un moment important qui revêt un caractère déterminant dans le processus démocratique de notre pays. En effet, les élections constituent un lieu d’expression du choix politique d’un peuple et confèrent la légitimité pour l’exercice du pouvoir. Elles sont le moment privilégié pour un débat politique caractérisé par le respect des différentes opinions.

3. Nous, vos pasteurs, conscients que le bon déroulement des élections favorisera une participation réelle et active des citoyens à la vie politique et sociale, voulons partager avec vous des vérités fondamentales qui doivent éclairer le sens de tout engagement politique du chrétien et vous donner quelques orientations pour une campagne électorale sereine dont les résultats seront acceptés de tous.

L’engagement politique du chrétien

4. En s’engageant dans la politique, le chrétien doit être averti des orientations de l’Eglise dans le domaine.

L’Eglise a toujours vu dans l’exercice de l’autorité une des fonctions humaines les plus nobles au service du bien commun. Elle est voulue par Dieu. C’est pour cela que saint Paul avait précisé que toute autorité vient de Dieu [1]. Le chrétien doit avoir en estime la politique, moyen par lequel on acquiert cette autorité à exercer.

C’est pourquoi, l’Eglise continue de rappeler aux chrétiens l’impérieuse nécessité de se considérer comme solidaires du monde. « Tous les chrétiens doivent prendre conscience du rôle particulier et propre qui leur échoit dans la communauté politique : ils sont tenus à donner l’exemple en développant en eux le sens des responsabilités et du dévouement au bien commun ; ils montreront par les faits comment peuvent s’harmoniser l’autorité et la liberté, l’initiative personnelle, la solidarité et les exigences de tout le corps social, les avantages de l’unité et les diversités fécondes » [2].

5. Pour le chrétien, la politique est donc une expression qualifiée et exigeante de son engagement au service des autres. L’action politique du chrétien est orientée vers la recherche du bien commun dans un esprit de service, le développement de la justice avec une attention particulière aux situations de pauvreté et de souffrance, le respect de l’autonomie des réalités terrestres, le principe de subsidiarité, la promotion du dialogue et de la paix dans la perspective de la solidarité.

Dans le même sens, la Congrégation pour la doctrine de la foi affirme : « Vivre et agir en politique conformément à sa conscience ne revient pas à se plier à des positions étrangères à l’engagement politique ou une forme de confessionnalisme ; mais c’est l’expression par laquelle les chrétiens apportent une contribution cohérente pour que, à travers la politique, s’instaure un ordre social plus juste et conforme à la dignité de la personne humaine » [3].

6. Il en résulte que « les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la politique, à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun » [4].

Pour des élections calmes et apaisées

7. Chers fils, filles et amis, les troubles socio-politiques qui ont secoué notre pays l’année dernière et les différentes manifestations de mécontentement que connait encore aujourd’hui le Burkina Faso sont des indices qui montrent la fragilité de la paix sociale. Au regard des enjeux des élections à venir et des tensions déjà vives dans certaines localités, nous en appelons à la responsabilité et à la vigilance de tous pour garantir un climat de paix, gage d’un scrutin juste et transparent.

8. Nous croyons fermement que tous, nous voulons un pays en croissance dans la paix, qui mérite le nom de Burkina Faso au sens profond du terme. Même si nos programmes sont différents, nous espérons tous un Burkina rayonnant.

Nous invitons donc les politiques, hommes et femmes, à bannir les discours de haine et tout ce qui peut induire les populations à la violence sapant ainsi la paix et la cohésion sociales.

Nous vous le demandons ardemment, chers fils et filles de l’Eglise Famille de Dieu, et vous tous hommes et femmes de bonne volonté : abstenez-vous d’utiliser tout langage, tout symbole ou toute image qui provoquerait la haine. Renoncez à tout comportement qui diaboliserait, stigmatiserait des groupes et en ferait des cibles de haine pour d’autres groupes.

9. Nous exhortons les électeurs à retrouver leurs cartes d’électeurs, à les tenir prêtes et à sortir massivement pour accomplir consciencieusement leur devoir de citoyen le 2 décembre prochain.

10. Chers fils et filles, hommes et femmes de bonne volonté, favorisons la concorde entre les populations afin de préserver la cohésion sociale. C’est en cela que nous pouvons tous ensemble contribuer efficacement à bâtir un Etat qui incarne les valeurs de paix, de tolérance et de fraternité. Nous savons tous que la paix est le fruit des efforts des hommes, mais surtout un don de Dieu. Alors, que notre prière individuelle et communautaire nous obtienne de Dieu cette paix et des élections transparentes !

11. Ensemble, choisissons librement nos gouvernants, des hommes, des femmes épris de solidarité, de justice, de cohésion sociale que nous placerons à la tête de nos communes ou que nous enverrons à l’Assemblée Nationale dans le but de voter et de veiller sur des lois justes pour un Burkina prospère.

Dieu vous bénisse et bénisse le Burkina Faso !

Donné à Ouagadougou le 15 novembre 2012.

Vos Archevêques et Evêques :

S. E. Mgr Séraphin François ROUAMBA,
Archevêque de Koupéla

S. E. Mgr Philippe OUEDRAOGO,
Archevêque de Ouagadougou

S. E. Mgr Paul OUEDRAOGO,
Archevêque de Bobo-Dioulasso

S. E. Mgr Thomas KABORE,
Evêque de Kaya

S. E. Mgr Lucas Kalfa SANON,
Evêque de Banfora

S. E. Mgr Joachim OUEDRAOGO,
Evêque de Koudougou

S. E. Mgr Jude BICABA,
Evêque de Dédougou

S. E. Mgr Der Raphaël DABIRE,
Evêque de Diébougou

Son Excellence Joseph SAMA,
Evêque de Nouna

S. E. Mgr Justin KIETEGA,
Evêque de Ouahigouya

S. E. Mgr Gabriel SAYAOGO,
Evêque de Manga

S. E. Mgr Modeste KAMBOU,
Evêque de Gaoua

S. E. Mgr Pierre Claver MALGO,
Evêque de Fada N’Gourma

S. E. Mgr Prosper KONTIEBO,
Evêque de Tenkodogo

S. E. Mgr Léopold Médard OUEDRAOGO,
Evêque auxiliaire de Ouagadougou

Père Joseph CLOCHARD,
Administrateur diocésain de Dori.

Notes :

[1] Cf. Rm 13, 1-7.

[2] Concile Vatican II, Const. Dogm. Gaudium et Spes, n° 75.

[3] Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Note doctrinale concernant certaines questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique, 24 novembre 2002, p. 14.

[4] Jean Paul II, Exhort. Apost. Post synodale Christifideles laïci, 30 décembre 1988, n°42.