Chers frères et sœurs en Christ,

La grâce et la paix du Seigneur soit toujours avec vous !

Introduction et remerciement

La présente célébration eucharistique marque le début de la « Journée de solidarité » en faveur de nos mamans des centres de Delwendé et de Paspanga.  L’opportunité est belle d’adresser un salut cordial et de traduire notre sincère gratitude, celle de notre Église Famille de Dieu à la « Commission Justice et Paix » et à ses partenaires, à  toutes les organisations de la Société civile et au gouvernement. Tous luttent contre l’exclusion sociale et les violences faites aux femmes notamment celles accusées injustement de sorcellerie ; en outre elles  œuvrent  aussi à leur réinsertion sociale et à l’amélioration de leurs conditions de vie. En cela, tous ces acteurs font œuvre utile, accomplissent une œuvre de miséricorde et soutiennent fortement l’action de l’Église dans son option préférentielle pour les pauvres et les marginalisés de la société.

Cette  journée de solidarité est une occasion de rendre hommage à tous et de sensibiliser davantage les populations, chrétiens, musulmans, protestants et tous les hommes et femmes de bonne volonté, à se mobiliser contre ce phénomène de stigmatisation qui porte sérieusement atteinte à la dignité de ces femmes, créées à l’image et la ressemblance de Dieu.

Option préférentielle de Dieu et de l’Église pour les pauvres

Pour sa part, l’Église dans son action pastorale et caritative a toujours eu une option pour les pauvres et ce, conformément à la volonté de Dieu et à l’œuvre accomplie par son envoyé Jésus-Christ.

Dans le livre de l’Exode, Dieu se révèle comme Celui qui libère son peuple de la servitude d’Égypte. « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple » (Ex 3, 1ss), dit-il avant d’envoyer son serviteur Moïse libérer Israël pour le mener vers la terre promise. (Cela a donné naissance en Amérique latine à la théologie de la libération avec ses forces et faiblesses). 

En outre, au peuple d’Israël, Dieu se révèle comme défenseur de la veuve et de l’orphelin, défenseur des étrangers, des faibles et laissés-pour-compte de la société.

Quand vint aussi la plénitude des temps, le Christ, Fils de Dieu fait homme va se situer dans cette perspective en étant solidaire de la misère de l’homme. Face aux souffrances humaines, il  se montre compatissant et miséricordieux et agit pour libérer les hommes de la maladie, des esprits mauvais…Dans son ministère publique, le Christ se montre tout à tous et œuvre au salut de tous sans exception : les lépreux, les pécheurs publiques… qui étaient les stigmatisés et les exclus de l’époque. Dans l’évangile de ce jour, les pharisiens reprochent à Jésus de faire bon accueil aux publicains et aux pécheurs en mangeant avec eux. Et, par la parabole de l’enfant prodigue, Jésus leur révèle la miséricorde infinie du Père qui n’attend que le retour de ses enfants égarés. Un appel pour nous  à faire confiance en la miséricorde de Dieu et à être  à notre tour, artisans de cet amour et de cette miséricorde autour de nous.

A la suite du Christ, solidaire avec l’humanité pécheresse, le chrétien doit voir en chaque personne humaine –homme ou femme- un frère ou une sœur avec qui il est destiné à faire alliance, c’est-à-dire à être solidaire. Cette solidarité doit être attentive aux droits légitimes de chaque homme et de chaque femme. La justice, même si elle est nécessaire, n’est cependant pas suffisante. L’Évangile invite au don exprimant le respect et l’amour. Dans cette perspective, la charité doit être la source de la solidarité.

Interpellations

Frères et sœurs, la présente journée nous interpelle et nous pousse à l’imitation du Christ solidaire avec l’homme souffrant. Chrétiens, nous sommes « alter Christus », appelés à révéler par le témoignage de vie, le visage de l’amour miséricordieux du Christ. Alors, que faisons-nous face à la misère et la souffrance de nos frères et sœurs en détresse ? Quelle attitude avons-nous face à toutes les pratiques portant atteinte à la dignité humaine ? Ne sommes-nous pas complices du mal et de la souffrance des pauvres, des petits, par notre silence et parfois même par notre agir ? Autant d’interpellations fortes qui  nous poussent à la conversion et l’engagement concret en faveur de ceux qui souffrent autour de nous, afin de leur apporter réconfort, soutien moral et matériel, en somme les libérer du mal.

Mais, bien-aimés de Dieu, pour nous engager à la suite du Christ et faire de notre Église et de notre société, d’ardents défenseurs des pauvres et des petits, il convient avant tout, de nous débarrasser du péché. Le péché aveugle, endurcit le cœur de l’homme, ferme son cœur à Dieu et à son prochain. Là où la dignité de l’homme est le plus bafoué,  c’est davantage là où le péché et les structures de péché (cf. Pape Jean-Paul II), enchaînent le cœur de l’homme, tuent sa conscience et le rend insensible à la présence de Dieu et partant à l’homme. Nous avons donc l’impérieux devoir de nous libérer du péché et des « structures de péché » telles la coutume traditionnelle d’exclusion pour sorcellerie ; cela suppose d’accepter de nous remettre toujours en cause à travers un examen de conscience mené à la lumière de la Parole de Dieu. D’où l’importance du sacrement de la réconciliation dans notre vie de foi. L’enfant prodigue a accepté humblement de revenir à son Père qui l’a accueilli à bras ouverts et lui a redonné sa dignité de fils. Oui ! Tel est Dieu dans sa miséricorde. « Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner, c’est nous qui, bien souvent nous lassons de nui demander pardon », dixit le pape François. Ce temps de carême est un temps favorable de pénitence et de retour à Dieu. Alors ne nous lassons pas de retourner vers Dieu notre Père ; ne nous lassons pas de mener le combat contre le péché et les vices qui minent notre  vie et engageons-nous sur le chemin de la conversion du cœur (metanoia = retournement de cœur), pour mettre de l’ordre dans notre vie et lui donner une orientation nouvelle.

Frères et sœurs, demandons au Seigneur la grâce de faire toujours l’expérience de la miséricorde infinie de Dieu pour que cela nous transforme et nous entraîne sur la voie de la sainteté et nous incite à imiter Dieu dans sa miséricorde. « Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste est miséricordieux ». Que la prière de la Vierge Marie nous y aide et que sa protection maternelle jamais ne nous fasse défaut. La Paix soit avec vous !

+Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

 

 

 

 

 

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