75 ans de présence des FMM au Burkina Faso - Professions religieuses et célébrations jubilaires

Samedi 13 septembre 2014

Bien aimés de Dieu,

Et vous chères Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie,

« Rendez grâce au Seigneur, il est bon ; éternel est son amour »

Avec ces paroles du psalmiste, faisons de cette Eucharistie une action de grâce au Seigneur pour l’heureux événement ecclésial qui nous réunit en ce jour : le jubilé des soixante-quinze de présence des Sœurs Franciscaines Missionnaires en terre burkinabè. A la faveur de ce grand jour d’action de grâce, nous célébrons des professions religieuses temporaires et perpétuelles ainsi que des jubilés de soixante, cinquante et vingt-cinq ans de vie religieuse de leurs sœurs. Unis donc aux Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie, chantons et magnifions le nom du Seigneur pour son amour et sa bonté.

I- Rappel historique : arrivée des sœurs missionnaires en Haute Volta

La Congrégation des Franciscaines Missionnaires de Marie, fondée le 6 janvier en 1877 par Mère Marie de la passion, a été élevé au rang d’Institut de droit pontifical par la Propaganda fide le 12 août 1885. Selon leurs Constitutions, la fin spécifique de cet Institut – qui relève du Tiers Ordre de Saint François- est l’annonce la Bonne Nouvelle à ceux qui ne connaissant encore le Christ, l’Évangélisation des contrées dans lesquelles, l’Eglise est moins présente, avec pour option, une attention particulière pour les pauvres. C’est dans cet élan missionnaire qui leur propre que les premières Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie (7 religieuses au total) sont arrivées en Haute-Volta, plus particulièrement à Dissin dans le diocèse de Diébougou, le 13 mai 1939. Six ans plus tôt, c’est-à-dire en 1933, les Pères Blancs (P. Paternot, P. Jean Lesourd et P. Germain Nadal), installés à Dissin, y ont un terrain fertile à l’Evangile, enregistrant ainsi de nombreuses conversions dans leur action missionnaire. Arrivées à Dissin sur invitation de Mgr Louis Groshenry, premier Vicaire Apostolique de Bobo-Dioulasso, les Franciscaines Missionnaires prêtent prêter main forte à l’œuvre d’évangélisation entreprise dans cette communauté chrétienne naissante. Très vite, elles s’engagent dans le travail apostolique organisé par les Pères Blancs, gardant toujours la même perspective, à savoir : assoir les bases solides du christianisme en terre africaine et aider les africains à laisser les valeurs de l’Evangile imprégner toute leur vie. Elles s’impliquent aussi dans le domaine de la santé (dispensaire) et de l’éducation (écoles). En 1946, sous la houlette de Mgr Dupont alors Vicaire apostolique de Bobo-Dioulasso, les Sœurs fondent ensuite une nouvelle communauté à Kampti, puis à partir de 1948, elles entament la formation des premières sœurs autochtones. En août 1952 a lieu à Dissin, la prise d’Habit des trois premières religieuses autochtones comme Sœurs Oblates Franciscaines Missionnaires de Marie ; en 1960, elles seront intégrées dans l’Institut comme Sœurs Franciscaines. Progressivement, d’autres jeunes filles, séduites par la vie fraternelle, le charisme et le courage missionnaire des Sœurs Franciscaines, s’engagent dans la vie religieuse dans cet Institut. De nos jours, la congrégation compte en son sein de nombreuses religieuses burkinabè. Aujourd’hui encore, c’est leur témoignage missionnaire des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie qui pousse nos sœurs ici présentes à s’engager à la suite du Christ à travers la profession des vœux perpétuels et temporaires.

Chères sœurs, les professions religieuses de ce jour sont des signes d’espérance et constituent pour votre Institut et pour l’Église du Burkina et d’Afrique, un réel motif d’action de grâce. C’est le signe que l’œuvre d’évangélisation, comme un grain de blé jeté en terre burkinabè par le travail apostolique de vos premières sœurs missionnaires, a germé et continue à porter du fruit, un « fruit qui demeure. »

II- Un message à l’adresse des professes

Bien chères professes perpétuels et temporaires, je vous félicite pour votre courage et le don que vous faites de vos personnes au Christ.

Comme vous le savez tous, la première consécration chrétienne, c’est la consécration baptismale. Outre de cette consécration, Dieu dans son grand amour, appelle des hommes et des femmes qui se vouent de façon spéciale à lui. Par la profession des conseils évangéliques, ils veulent imiter le Christ chaste, pauvre et obéissant. La vocation à une telle vie est un don merveilleux de Dieu à accueillir dans l’humilité. Dans l’évangile de ce jour, le Christ nous rappelle à tous, baptisés, religieux (ses), prêtres cette vérité fondamentale : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. »

Chères professes, au cours de vos années de formation, vous avez eu à approfondir le sens des conseils évangéliques et à les incarner au mieux dans chacune de vos vies pour ressembler davantage à Jésus. Dans un monde de plus en plus sécularisée et sans repères, les religieux (ses), les prêtres doivent, sans hypocrisie et sans duplicité, s’appliquer à vivre leurs vœux de chasteté, d’obéissance et de pauvreté. Le monde embarqué dans la culture de l’hédonisme et du plaisir, banalise le sexe et la sexualité ; et la société actuelle, société de consommation pousse au matérialisme et à la quête effrénée de l’argent ; la recherche de la gloire, du pouvoir et l’affirmation exagérée de l’ego caractérisent aussi notre société actuelle et mènent le monde. Comment pourrions-nous être des modèles, des repères pour ce temps si chrétiens, personnes consacrées, nous nous enlisons dans le péché et dans cette ambiance délétère qui étouffe le monde. Il vous faudrait, à travers le vécu concret et exemplaire des conseils évangéliques, annoncer le Règne à venir, trancher avec l’esprit du monde et aider les hommes et femmes à se libérer de l’esclavage du sexe, de l’argent et du pouvoir. C’est dans ce sens que l’apôtre Paul vous interpelle et nous interpelle tous en ces termes : « Ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. » Pour vivre cette orientation de l’apôtre, une seule chose s’avère nécessaire et capitale : celle qui consiste à cultiver une intimité profonde avec le Christ et à savoir compter humblement sur sa grâce. En gardant les yeux fixés sur lui, nous aurons la force nécessaire pour être ses authentiques témoins au cœur du monde.

III- 75 ans de présence au Burkina Faso : action de grâce, source et tremplin de renouveau intérieur.

En 75 ans de présence au B.F, la Congrégation des Sœurs Franciscaines Missionnaires a fait l’expérience de l’amour et de la fidélité du Seigneur ; en 75 ans, elle a reçu du Seigneur, grâces sur grâces. 75 années de joies et de peines vécues dans la mission et la formation, toujours sous le regard bienveillant du Seigneur, Maître de la moisson. Que son nom soit béni à jamais !

Toute célébration jubilaire est occasion d’action de grâce, mais elle est également, source de renouveau intérieur et de conversion à l’évangile. Au seuil du troisième millénaire, après le jubilé de l’an 2000, le saint Pape Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique  « Novo Millenium Ineunte », a invité les chrétiens à puisé de la célébration jubilaire, un nouvel élan pour leur vie chrétienne. Au sortir de ce jubilé, cela pourrait s’appliquer aussi à votre famille religieuse : tirer de l’expérience missionnaire de 75 ans de présence en terre burkinabè, un nouvel élan et un dynamisme pour aller en eau profonde dans la mission. A ce titre, trois aspects essentiels pourraient vous orienter :

1- La fidélité à votre charisme

En rappel, selon vos constitutions, votre charisme « vous engage à suivre le Christ se livrant au Père pour le salut du monde, dans le mystère de son Incarnation et de sa Pâque ; vous complétez ainsi dans votre chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son corps qui est l’Eglise. » (Constitutions, chapitre I, n° 2) Pour vivre une telle offrande de soi pour le salut du monde, vous opter d’épouser l’attitude fondamentale de Marie dans son « Fiat » (cf. Constitutions, ch. I, n° 2).

En outre, missionnaires, vous êtes disponibles à aller partout et à tous, pour annoncer l’évangile avec une option préférentielle pour les pauvres à l’instar de Saint François. Et ce charisme, vous devez l’exercer à la suite du Christ humble, pauvre, vivant l’évangile dans la simplicité, la paix et la joie (cf. Chapitre 2, n° 4 et 5). Vivre la fidélité à ce charisme, c’est retourner à l’essentiel, c’est-à-dire l’évangile dans toute sa pureté et sa radicalité comme le vit et l’enseigne si bien le Pape François lui-même. Dès le début de son pontificat, le Pape François a annoncé ses couleurs : « comme je voudrais une église pauvre pour les pauvres», disait-il. Il nous invite aussi, dans Evangelium Gaudium, à sortir de nous-mêmes pour porter au monde la joie de l’Évangile. « …. nous sommes tous invités, écrit-il, à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile. » Cela exige donc le sacrifice, le don de soi, la disponibilité, dispositions intérieures voulues et souhaitées par votre famille religieuse. Alors demeurez toujours fidèles à ce charisme, pour nous orienter et nous ramener toujours à l’évangile dans toute sa richesse. Rayonnez de l’esprit de Saint François d’Assise pour un dynamisme nouveau dans votre apostolat au cœur de notre Église Famille de Dieu.

2- La vie communautaire et fraternelle

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ais aimés », tel est le commandement que le Christ a laissé à ses disciples. La vie communautaire et fraternelle est un défi à relever dans nos communautés religieuses et dans nos Instituts religieux caractérisés par leur visage souvent cosmopolite en raison des divergences de pays, d’ethnies et de culture. La vie communautaire est belle et exigeante et requiert l’acception des uns et des autres dans leurs différences, l’ouverture au pardon, la gestion saine des tensions ou conflits par laquelle, on apprend à se connaître, à s’accepter et à s’aimer. « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 35), nous rappelle Jésus. Faites donc de vos communautés religieuses, sacerdotales, des communautés fraternelles où chacune se sent aimée, estimée et soutenue. C’est l’héritage que nous laissent les premiers missionnaires en terre burkinabè. Selon le témoignage sur la vie missionnaire à Dissin, première communauté des Franciscaines, les sœurs menaient une vie fraternelle de partage entre elles, avec les Pères Blancs et les Dagara. Puisse l’exemple de ces pionniers vous stimuler sur le chemin de l’amour fraternel pour un témoignage missionnaire authentique et crédible dans nos milieux de vie.

3- Au cœur de l’action missionnaire, la docilité aux appels de l’Esprit Saint

La fidélité au charisme franciscain, l’amour fraternel n’ont d’autre but que de favoriser et de rendre plus incisive l’annonce de l’évangile. L’œuvre missionnaire est une œuvre divine qui nécessite d’être docile à l’Esprit Saint pour savoir discerner les « signes des temps » et répondre ainsi aux besoins de du monde, aux appels et aux besoins de notre Église locale du Burkina Faso ? Vos constitutions le soulignent bien (cf. chapitre IV des constituions, n° 37). Le monde et partant la société burkinabè sont en pleines mutations religieuses, sociales et il convient dans la fidélité à l’évangile, d’adapter la formation à la vie religieuse et les méthodes d’évangélisation pour répondre aux attentes des hommes et femmes de notre temps en matière de foi. Il existe dans nos jeunes églises d’Afrique, des situations nouvelles qui nécessitent une « nouvelle présentation de l’évangile, nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans ses expressions. » (Africae Munus, n° 165) C’est bien le thème de la nouvelle évangélisation dont parle le Pape Benoît XVI dans « Africae Munus ». Alors, engagez-vous sur le chemin de la nouvelle évangélisation dans toutes ses exigences pour une avancée significative de la mission à nous confiée par le Christ

Chers sœurs, la présente célébration jubilaire est un tremplin pour votre famille religieuse d’avancer au large dans le sens de la sainteté et de la mission au cœur de notre Église Famille de Dieu. Dans la joie et l’espérance de ce renouveau intérieur, se dresse Marie, Étoile de l’Évangélisation, votre modèle et notre modèle à tous. Étoile du Matin, la Vierge Marie est là exemple de foi, de disponibilité et de prière…. pour nous indiquer la voie à suivre, pour éclairer notre route et nous réconforter aux heures d’épreuves.

Daigne-t-elle, accompagner maternellement votre Institut, chacune de ses membres, pour qu’ensemble vous rendiez, par votre vie et la proclamation de l’Évangile, un vivant témoignage à son Fils Jésus-Christ qui vit, règne et nous aime pour les siècles des siècles. Amen !

+Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

 

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