Cathédrale de Ouagadougou, le 05 Juillet 2014


- Excellences
- Chers Candidats au Presbytérat
- Chers Frères et sœurs en Christ !

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ » (Ep. 1,3).

Oui ! Nous sommes rassemblés en ce jour pour rendre grâce au Seigneur pour ses merveilles d’amour, le don du sacerdoce ministériel à son Eglise. Au cours de la célébration de ce soir, nous allons conférer le Sacrement de l’Ordre à vingt diacres : 8 diocésains, 4 camilliens, 3 de l’Institut de la Petite Œuvre de la Divine Providence (Don Orione), 1 des Frères Missionnaires de Campagnes, 1 de la Communauté des Béatitudes, 1 des Clercs de Saint Viateur, 1 de la Congrégation des Fils de Marie Immaculée, 1 de la Congrégation du Très Saint Rédempteur. C’est la première fois que nous avons une telle moisson de prêtres. Béni soit Dieu, maintenant et toujours.

Au nom de notre Église Famille diocésaine, j’adresse une chaleureuse bienvenue et nos sincères félicitations aux différents Instituts religieux, aux parents et amis... accourus nombreux pour prendre part à cet évènement de grande portée ecclésiale. A tous et à toutes, merci pour votre présence effective, votre généreuse solidarité, et votre prière.

Chers Frères et Sœurs, le Maître de la Moisson nous donne de célébrer ce soir, dans notre cathédrale, des ordinations sacerdotales, pour le service de Dieu et le service des hommes, son peuple. Accueillons ce don merveilleux dans l’action de grâce et dans la méditation de la réalité sacramentelle et pastorale.

I-La consécration sacerdotale

Chers amis, que signifie pour nous le sacerdoce ministériel ?

Disons – le tout de suite : « être prêtre », n’est pas une carrière qu’on embrasse ; ce n’est point pour garantir une position sociale, une promotion sociale ou un avantage quelconque... On ne devient pas prêtre pour devenir quelqu’un, pour devenir important... Ce n’est pas un métier au sens sociologique du terme. On devient prêtre par vocation, par appel, par pure grâce de Dieu. Dans l’Eglise Famille de Dieu, à l’instar des Rois, des prophètes ou des Apôtres... certains baptisés sont appelés, choisis et mis à part pour appartenir totalement au Seigneur et être consacrés à son oeuvre, à son service. Ainsi, comme l’exprime si bien l’auteur de l’Epître aux Hébreux, tout prêtre est « pris du milieu des hommes et établi en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, afin d’offrir des sacrifices pour les péchés » (He 2,1).

Le Baptême constitue la première consécration, qui incorpore le baptisé à l’Église, le configure au Christ mort et ressuscité, et le rend capable de servir Dieu, dans une participation vivante à la sainte liturgie, dans le témoignage d’une vie sainte et d’une charité efficace. (cf. LG 10 ; Rm 8, 29 ; 1 Co 6,19). Le baptême donne part au sacerdoce commun des fidèles, qui exige de tous les baptisés, la révélation du visage d’amour, de justice, de miséricorde du Christ à travers la « gérance des choses temporelles ». Dans l’exercice du sacerdoce commun, les fidèles doivent, s’ils veulent vraiment garder leur identité propre, prendre leurs responsabilités dans la vie du monde, en y faisant pénétrer l’esprit de l’Évangile (cf. LG 31-32).

Quant à l’ordination sacerdotale, elle constitue un sacrement qui marque le prêtre d’un caractère spécial, d’un don particulier, qui le rend semblable au Christ. L’imposition des mains de l’Évêque et des prêtres présents, avec la prière consécratoire constituent les signes visibles de la consécration sacerdotale. Cette consécration implique un appel gratuit de Dieu : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et institués... », nous dit Jésus dans l’Évangile de Saint Jean (Jn 15,16) ; c’est donc une élection qui engage la personne humaine dans la profondeur de son être, de manière irrévocable.

Il est conféré à celui qui est ordonné, un pouvoir « sacra protestas » (L.G. 10), qui le configure au « Christ –prêtre », Tête du Corps, Bon Pasteur... pour agir en son nom « in persona Christi capitis », c’est à dire « au nom » ou « à la place » du Christ. Tout prêtre est donc un « sacrement du Christ », c’est à dire, un instrument et un signe vivant du Christ lui-même, en personne, dans l’identification spécifique sacramentelle au Grand Prêtre de l’Alliance éternelle, tel que décrit dans la 2ème lecture (He 5, 1-10). Suivre le Christ sur le chemin du sacerdoce demande à faire des choix, notamment « le don total et exclusif au Christ, à l’Église et au Règne de Dieu » (Benoît XVI, Africae Munus, n°111). La configuration ou la ressemblance au Christ comporte des signes et des engagements concrets, explicités, par les conseils évangéliques, joyeusement assumés et vécus dans l’obéissance, la pauvreté, et la chasteté dans le célibat... pour le Royaume des cieux. Ces conseils évangéliques, fidèlement vécus par les prêtres diocésains et les religieux à la suite du Christ, constituent un chemin royal pour parvenir à la perfection de la charité, pour le Royaume de Dieu et le salut du monde.

En outre, le prêtre est un don immense pour son peuple. C’est ainsi que le comprenait par exemple Saint Jean-Marie Vianney, le saint patron des prêtres :« un bon pasteur selon le coeur de Dieu, disait-il, c’est là le plus grand trésor que le Bon Dieu puisse accorder à une paroisse, et un des plus précieux dons de la miséricorde divine ».Devant la grandeur du don, et de la tâche confiés à une créature humaine, il s’exclamait :« Oh ! Que le prêtre est quelque chose de grand ! S’il se comprenait, il mourrait... Dieu lui obéit : il disait deux mots et notre Seigneur descend du ciel, à sa voix, et se renferme dans une petite lustre » (Nodet, le Curé d’Ars, P. 98).

II- La vie et la mission du prêtre

La Mission du prêtre

Dans sa constitution dogmatique sur l’Église, le Concile Vatican II précise clairement la mission des prêtres. Collaborateurs privilégiés des Évêques, les prêtres sont consacrés pour être pasteurs des fidèles, pour prêcher l’Évangile et pour célébrer le culte divin (L.G. 28). Il leur revient donc d’enseigner, de conduire et de sanctifier tous les hommes. « Allez par le monde entier prêcher l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15). Leur tâche première est de prêcher, faire naître et grandir le Peuple de Dieu ; en célébrant et en administrant les sacrements, le prêtre rend le Christ présent, vivifie et rend participant à la vie divine. Et exerçant la charge du Christ, chef et pasteur, les prêtres, au nom de l’Évêque, rassemblent la famille de Dieu et la conduisent au Père. Le ministère sacerdotal de tout prêtre est fécond s’il est caractérisé par la proximité et le témoignage de la charité pastorale, intimement liée à l’Eucharistie. C’est dire que l’activité pastorale du prêtre doit être une manifestation de la charité du christ, venu pour servir et non pour être servi (cf. Mt 9, 35) et cela jusqu’ au don total de soi en faveur du troupeau. Le prêtre, en bon berger sera particulièrement proche de ceux qui souffrent, des malades, des petits, des enfants, des personnes âgées, des personnes en difficulté, des laissés-pour-compte, des pauvres. A tous, il portera l’amour et la miséricorde du Bon Pasteur. (cf. Presbyterium Ordinis, n°14 ; Pastores dalo vobis, n° 23).

La vie du Prêtre : tendre sans cesse vers la Sainteté

« Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). Ainsi tous les baptisés sont appelés à la Sainteté et à la mission. Et le concile rappelle fortement que « par leur vocation et par le Sacrement de l’Ordre, les Prêtres ont été consacrés à Dieu d’une manière nouvelle, pour être les instruments vivants du Christ, Prêtre éternel… Dès lors qu’il tient la place du Christ en personne, tout prêtre est, de ce fait, doté d’une grâce particulière pour être apte à tendre, par le service des hommes, vers la perfection de celui qu’il représente » (P.O n° 12).C’est dire que tout Prêtre n’est authentiquement missionnaire que s’il s’engage sur la voie de la Sainteté… à travers le témoignage de la charité.

On est missionnaire par ce qu’on est, avant de l’être par ce qu’on dit, ou ce qu’on fait…Le premier lieu de sanctification du Prêtre, c’est d’abord son ministère sacerdotal, exercé en communion avec l’évêque et les autres Prêtres… (P.O., n° 13). Avant d’enseigner, il se doit d’accueillir et de vivre la Parole qu’il doit proclamer. Ministre de la sanctification, il doit s’efforcer de « faire mourir en lui-même les œuvres de la chair » et se garder de se conformer au monde présent…Guide et pasteur du peuple à l’exemple du maître, le Prêtre doit quotidiennement donner totalement et radicalement sa vie pour ses brebis, et cela jusqu’à la mort (Jn 10, 11). Comme vous le voyez, aucun Prêtre ne peut exercer pleinement son ministère avec fruits, s’il ne vit pas en union avec le Christ et s’il n’est pas animé de l’amour vrai de Dieu et des hommes. « L’homme contemporain, nous confie le Pape Paul VI, écoute plus volontiers les témoins que les Maîtres, et s’il écoute les Maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (E.N. n° 43). C’est dire que les hommes et les femmes attendent qu’on leur «Parle » du Christ, mais surtout qu’on leur fasse « voir ». En d’autres termes, on attend du Prêtre qu’il soit un miroir, une icône, un ostensoir qui reflète le Christ et son amour rédempteur. Toute l’existence et la vie du Prêtre devraient crier Jésus – Christ et Jésus – Christ seul.

Puissions-nous, mes frères et sœurs, chacun selon sa vocation spécifique dans l’Église, pouvoir dire avec l’apôtre Paul : « Si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi» (Gal. 1,20).

Chers frères et sœurs confions tous les Prêtres, et spécialement nos nouveaux prêtres de ce jour à maternelle protection de la Vierge Marie. Demandons-lui de susciter dans l’âme de chaque Prêtre un renouveau intérieur pour une pleine réalisation de leur idéal de donation totale au Christ et à l’Eglise.

Oh Marie, Reine des Apôtres, accueille et accompagne les nouveaux Prêtres dans le don total de leur vie. Protège leur croissance et leur ministère.
Oh Marie, Étoile de l’Évangélisation, garde-les dans ton cœur et dans l’Église et obtiens pour eux, la docilité et la fidélité à leur vocation.
Oh Marie, confie-les à ton fils Jésus-Christ, dans l’Esprit Saint, pour la gloire du Père et pour le Salut des hommes. Amen!

Ouagadougou le 5 juillet 2014

+Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou