Révérend Père Gaetan KABORE et son Conseil et vous tous capitulants et Réligieux de Saint Camille de Lélis,

La grâce et la paix de notre bien aimé Seigneur Jésus Christ soient toujours avec vous !

I. Prescriptions canoniques et législatives pour le Chapitre

Avec cette célébration eucharistique s’ouvre le 2ème Chapitre de la Province Camillienne Burkinabé avec le thème : « Quelle prophétie pour le Charisme camillien dans le contexte ecclésial et socio-sanitaire de notre Pays, le Burkina Faso ».

Le Code de Droit Canonique, au Canon 631, définit le Chapitre et en rappelle des principes fondamentaux. Le Chapitre Général est l’Assemblée plénière d’un Institut ou d’une Congrégation Religieuse. Il représente tout l’Institut, il est un signe vrai de l’unité dans la charité. De ces principes découlent des conséquences majeures : la responsabilité et la mission principale du Chapitre, consistent à maintenir le charisme (C. 578), que le Chapitre doit protéger et dont il doit promouvoir la vitalité en favorisant un renouveau adapté aux situations nouvelles.

La représentation provinciale de l’Institut par un Chapitre provincial suppose deux choses : Le choix de membres qui soient capables de représenter l’Institut, de protéger et d’adapter son charisme. Les membres de droit comme les membres élus devraient être avant tout, des personnes qui connaissent bien le charisme de leur Institut, c’est-à-dire, le patrimoine de l’Institut. Le patrimoine de l’Institut est constitué par son charisme. En second lieu, cette représentation exige un esprit de communion et de charité fraternelle, signe palpable et séduisant de sainteté et qui doit rayonner d’abord pendant le Chapitre et aussi pour tous les membres. L’esprit de communion et de charité détermine toujours l’attirance des plus jeunes vers l’Institut.

Selon le Droit de la Vie Consacrée, et par interprétation, le Chapitre provincial a comme mission l’élection du supérieur provincial. Cette élection doit avoir comme norme première, ce souci du charisme, sa reprise, la correction des défaillances, déviations et erreurs. La personne à choisir doit avoir la connaissance mais aussi la force nécessaire pour faire vivre un charisme et ramener l’Institut à la vérité. D’où l’importance de situer, avant l’élection, l’Institut, sa vie, sa fidélité en ne se contentant pas de faire un « status vitae » mais en mettant mieux en relief les points faibles ou en souffrance, les « detrimenta Instituti » de l’Institut dans la Province en question.

II. Le Thème du Chapitre et son Implication pour les capitulants et les religieux camilliens

Le thème de la prophétie dédié à ce Chapitre provincial vous interpelle tous, et ouvre une page de renouveau missionnaire dans la province camillienne du Burkina. En méditant les textes de la liturgie proposée à cette célébration eucharistique, nous pouvons donner un sens nouveau à la prophétie du Charisme camillien. Elle se veut un témoignage et un signe de l’Amour Miséricordieux de Dieu en faveur des malades et des pauvres. La prophétie signifie témoigner du Christ en cultivant des vertus intérieures, en vivant la communion et l’unité fraternelle, en vivant la radicalité de la consécration, en allant à la rencontre des périphéries existentielles, en relevant les défis dans le monde de la santé.

1. Cultiver les vertus intérieures

Pour discerner la volonté de Dieu, les prophètes que vous êtes dans ce chapitre provincial, doivent avoir de l’humilité, de la douceur, de la patience, désireux de garder l’unité dans l’Esprit. Saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens, présente ces dispositions intérieures comme des prérogatives de l’union avec le Christ dans la mission. Elles nous permettent de savoir accueillir dans chaque capitulaire, le Christ au milieu de nous, de l’accepter tel qu’il est, et de travailler à l’épanouissement du charisme de l’Institut.

2. Vivre la communion et l’unité fraternelle

Vivre la communion et l’unité fraternelle dans la diversité et l’interculturalité, fait de notre vie et de notre ministère, un signe du disciple du Christ, qui non seulement, dit la présence de Dieu, mais aussi manifeste cette présence. C’est dans le vécu de ces deux réalités que votre mission portera du fruit qui demeure. La communion est appelée à s’exprimer dans l’Église par la cohésion pastorale avec l’Ordinaire du lieu et dans la solidarité avec son presbyterium. L’Église est famille et l’Ordre est une partie vivante de cette famille, qui doit assumer ses devoirs pour le bien suprême du peuple de Dieu.

3. Vivre la radicalité de la vie consacrée

Le Charisme camillien doit se nourrir de la radicalité de la consécration, à travers une vie sainte de tous les membres . La sainteté est le moteur de la prophétie que le Charisme porte. La racine de toute mission, de tout message prophétique, c’est d’abord et avant tout, la sainteté de vie, une vie qui en nous rapprochant de Dieu, nous rend plus sensible à l’homme blessé, une vie qui en plaçant Dieu au cœur de l’existence, assainie les vœux de la pauvreté, de l’obéissance et de la chasteté. C’est pourquoi dans son Exhortation Apostolique Post-Synodale, Vita Consécrata, le Pape Jean-Paul II revient sur l’enracinement de la vie consacrée : « La vie consacrée, par conséquent, est appelée à approfondir continuellement le don des conseils évangéliques par un amour toujours plus sincère et plus fort dans une dimension trinitaire : amour du Christ, qui appelle à l'intimité avec lui ; amour de l'Esprit Saint, qui dispose l'âme à accueillir ses inspirations ; amour du Père, origine première et but suprême de la vie consacrée » (Vita Consecrata, n°21).

4. Relever les défis dans le monde de la santé en prenant en méditant la parabole du Bon Samaritain

Quelles sont les nouvelles formes de pauvreté, de misère et de souffrances humaines qui interpellent le camillien et qui attendent une manifestation du charisme de la miséricorde et de la tendresse divine ? Cette question qui interpelle tous les capitulants, et en particulier chaque religieux camillien particulièrement, oriente notre détermination missionnaire, sur des chemins jusque là inexplorés. Le Bon Samaritain semble être un modèle de sortie vers les périphéries, un modèle de don de soi et de compassion.

La parabole du bon Samaritain appartient à l’Évangile de la souffrance. Elle indique, en effet, quelle doit être la relation de chacun d'entre nous avec le prochain en état de souffrance. Il nous est interdit de « passer outre », avec indifférence, mais nous devons « nous arrêter » auprès de lui. Le bon Samaritain, c'est toute personne qui s'arrête auprès de la souffrance d'un autre homme, quelle qu'elle soit. Le bon Samaritain est toute personne sensible à la souffrance d'autrui, la personne qui « s'émeut » du malheur de son prochain. Il importe donc de développer en soi cette sensibilité du cœur, qui témoigne de notre compassion et de notre amour pour un être souffrant. Tout homme qui porte secours à des souffrances, de quelque nature qu'elles soient, est donc un bon Samaritain. Ce faisant, il y met tout son cœur, mais il n'épargne pas non plus les moyens d'ordre matériel. On peut même dire qu'il se donne lui-même. Nous touchons ici un des points clés de toute l'anthropologie chrétienne. La personne humaine ne peut « pleinement se reconnaître que par le don désintéressé d'elle-même ». Un bon Samaritain, un bon camillien, c’est justement l'homme capable d'un tel don de soi. (cf. Lettre Apostolique Salvifici Doloris, du Pape Jean-Paul II, n°28).

Toutes ses perspectives de vie ne peuvent prendre racine dans notre vie, si nous refusons d’être le dernier et le serviteur de tous. L’Évangile oriente nos ambitions sur les chemins du service, de la simplicité. Cette capacité individuelle à l’humilité, prépare le cœur de toute la famille à la fidélité et au renouveau dans l’Église.

III. Chapitre provincial dans la fidélité et le renouveau

Révérends Pères, le présent Chapitre provincial est un temps favorable à vivre sous le signe de la fidélité et du renouveau. Il constitue un véritable tremplin pour redécouvrir la richesse de votre charisme et de votre spiritualité en vue de l’approfondir, d’y rester fidèles pour votre sanctification et pour une plus grande fécondité de votre mission apostolique. La fidélité à l’esprit du fondateur, au charisme et à la spiritualité de l’Institut doit constituer le socle de votre engagement. En outre, les exigences du monde et de la Nouvelle Évangélisation, vous poussent au Renouveau. Il s’agit d’un renouveau dans la formation et dans l’Apostolat afin que le message de l’Évangile rejoigne les périphéries géographiques et humaines, les hommes et femmes de notre temps. Comme le rappelait fortement le Pape Benoît XVI, il existe dans nos jeunes Églises d’Afrique des situations nouvelles qui nécessitent « une nouvelle présentation de l’Évangile, nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans ses expressions » (Africae Munus, n° 165). C’est bien la question de la Nouvelle Évangélisation qui implique aussi que les religieux camilliens soient bien formés et capables de rendre compte de l’espérance qui est en eux pour propager par la vie et le ministère de compassion auprès des malades, la flamme et la joie indicible de l’Évangile.

En guise de conclusion, au nom de notre Église Famille de Dieu, je vous exprime notre gratitude pour votre présence missionnaire, au service des malades et pour le travail apostolique que vous réalisez au profit de notre Archidiocèse de Ouagadougou. Ensemble, confions à la prière de la Vierge Marie, les travaux de ce Chapitre provincial, afin que le Seigneur les rende féconds et suscite en chaque membre de votre Institut, un don total et généreux et un zèle missionnaire renouvelé pour sa gloire et pour le bien de l’Eglise Famille de Dieu. Dieu vous bénisse et accorde à notre pays le Burkina Faso sa paix, une paix véritable et durable !

+Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

 

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