CATHÉDRALE DE L’IMMACULÉE CONCEPTION, le 07 Juillet 2018

Excellence Monseigneur Jean-Marie COMPAORE,
Excellence Monseigneur Léopold M. OUEDRAOGO,
Révérends Pères Supérieurs Majeurs (provinciaux ou régionaux),
Chers Frères et sœurs en Christ,
Et vous, bien chers élus de ce jour,

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles aux cieux, dans le Christ » (Ep 1,3).

Oui ! Toute l’Église Famille de Dieu qui est à Ouagadougou accueille dans l’action de grâce le don merveilleux de 12 prêtres dont 7 diocésains et 5 religieux. Au nom de notre Église Famille diocésaine, j’adresse une chaleureuse bienvenue à tous ceux qui ont fait le déplacement pour prendre part à cet événement ecclésial de grande importance. Ensemble célébrons ces ordinations presbytérales dans l’action de grâce, dans l’espérance et la méditation de sa réalité sacramentelle que je voudrais aborder brièvement avec vous sous une double dimension :

I. L’Ordination Sacerdotale

II. La vie et la mission du prêtre à la lumière des textes de ce jour

I- L’ordination sacerdotale

L’ordination sacerdotale constitue un sacrement qui marque le prêtre d’un caractère spécial, d’un don particulier qui le rend semblable au Christ. L’imposition des mains de l’évêque et des prêtres présents avec la prière consécratoire constituent les signes visibles de la consécration sacerdotale. Cette consécration constitue un appel gratuit de Dieu : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et institué » (Jn 15, 16) ; c’est donc une élection qui engage la personne humaine dans la profondeur de son être de manière irrévocable. Il est conféré à celui qui est ordonné un pouvoir « sacra potestas » (L.G. 10) ; qui le configure au « Christ-Prêtre », pour agir en son nom « in persona Christi capitis », c’est-à-dire, « au nom » ou « à la place » du Christ. Tout prêtre est un « sacrement du Christ », c’est-à-dire un instrument et un signe vivant du Christ lui-même, en personne, dans l’identification spécifique sacramentelle au Grand Prêtre de l’Alliance éternelle. La configuration ou la ressemblance au Christ comporte des signes et engagements concrets, explicités par les conseils évangéliques de PAUVRETÉ, CHASTETÉ, OBÉISSANCE.

LA PAUVRETÉ : Dans sa législation, l’Église interdit aux clercs de faire le commerce ou le négoce par eux-mêmes ou par autrui, à leur profit ou à celui de tiers (Cf. C 286). A la suite du Christ, le prêtre ne poursuit pas les richesses ni leur accumulation (Cf. Ac 20,33) mais au contraire, il doit mener une vie délibérément sobre, détachée des biens matériels ; il doit partager avec les pauvres et les faibles, les biens qu’il possède ou qu’il administre, en témoignant toujours la gratuité dans le ministère, au service de la Communauté chrétienne. Le Christ demande à celui qu’il appelle de s’abandonner totalement à la providence. Dieu est notre trésor véritable.

Un autre Conseil évangélique qui caractérise la vie des prêtres de l’Église Catholique latine est le CÉLIBAT qui comporte la chasteté et la continence parfaite. Assumé à cause de Jésus, à cause du Royaume de Dieu, il est la source d’une plus grande fécondité apostolique dans un cœur sans partage. Le prêtre célibataire, avec humilité et gratitude, met au service de Dieu et de la communauté sa disponibilité et la liberté propre d’une personne non mariée et totalement dévouée au service de l’Évangélisation.

Enfin, mentionnons le Conseil évangélique d’OBÉISSANCE, assumé en esprit de foi et d’amour, à la suite du Christ obéissant jusqu’à la mort (Jn 5,30). Vivez avec simplicité, humilité et amour filial et sans hypocrisie votre obéissance à l’évêque de votre diocèse ou à vos supérieurs légitimes. C’est l’humilité et l’obéissance qui modèlent les prêtres à l’image du Christ qui « s’est dépouillé lui-même en prenant la condition de serviteur, en se faisant obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2,7-9) et la mort sur une croix.

Chers ordinands, les 3 conseils évangéliques : pauvreté, célibat dans la chasteté et obéissance-sont conformes au style de vie de Jésus. Ils constituent les signes concrets de l’identification de tout prêtre au Christ et expriment le don total et exclusif au Christ, à l’Église et au Règne de Dieu (cf. Africae Munus, 111).

Chers chrétiens, aimez vos prêtres, aidez-les, priez pour eux et soutenez-les par vos conseils, vos biens matériels et votre franche coopération missionnaire.

II- La vie et la mission du prêtre à la lumière des textes de ce jour

Collaborateurs proches et indispensables des évêques, les prêtres ont la charge de poursuivre l’œuvre d’Évangélisation, en s’efforçant d’être d’authentiques disciples et témoins du Christ. Le prêtre est ainsi appelé à tendre de jour en jour vers la sainteté.

1. Tendre vers la sainteté

La lettre aux hébreux nous montre que le Christ tire son sacerdoce selon l’ordre de Melchisédech et non de celui d’Aaron qui était héréditaire fondé sur l’appartenance familiale et tribale. Celui de Melchisédech est fondé sur la sainteté et l’éternité. Ainsi, le sacerdoce ministériel dans l’Église, tout en étant institué par le Christ, garde cette image de conquête permanente de la sainteté. C’est pourquoi le décret conciliaire sur le ministère et la vie des prêtres rappelle avec clarté : « Par leur vocation et par le sacrement de l’ordre, les prêtres ont été consacrés à Dieu d’une manière nouvelle pour être les instruments vivants du Christ, Prêtre Éternel (…) Dès lors qu’il tient la place du Christ en personne, tout prêtre est, de ce fait, doté d’une grâce particulière pour être apte à tendre par le service des hommes, vers la perfection de celui qu’il représente » (P.O., n° 12). Le premier lieu de la sanctification du prêtre, c’est l’accomplissement de son ministère sacerdotal, en communion avec l’évêque et les autres prêtres (Cf. P.O., n° 13) : en se préparant à méditer et à annoncer la parole de Dieu - en célébrant l’Eucharistie - en imprégnant leur propre vie de miséricorde par le sacrement de la réconciliation, en approfondissant la vie de prière et la formation continue. C’est votre sainteté qui vous donnera la confiance des fidèles chrétiens et vous aidera à être pour eux, une consolation, des pasteurs selon le cœur de Dieu.

2. Apporter la consolation et l’amour

Dans la première lecture, le prophète Isaïe a la mission d’annoncer la libération pour les fidèles du Seigneur qui rentrent de l’exil à Babylone, dénués de tout, abandonnés, humiliés. Et c’est là une mission primordiale pour tous les ordinands et tous les prêtres : accueillir toutes les souffrances du monde, ne pas se fermer aux indigents, ne pas rejeter les pauvres en préférant les riches. Notre monde pleure les migrants qui meurent au désert ou qui échouent à la mer. De 1990 à 2018, on estime à 34 000 naufragés en méditerranée. Notre pays le Burkina Faso devrait être à l’écoute des pleurs des affamés, des pauvres, des chômeurs qui végètent dans une misère absolue. On discute énormément de fonds communs pour les 2% de salariés de notre pays - il faudrait en toute justice et solidarité imaginer et créer « un fonds de solidarité » pour l’immense majorité des non-salariés de notre population. Notre Église doit être alors un lieu d’accueil, d’écoute, de consolation et de solidarité. C’est ce mot d’ordre que le prophète Isaïe lance ce soir, non seulement aux ordinands, mais à nous tous.

Chers ordinands, devenez les consolateurs de notre monde d’inégalités en enseignant le commandement du Christ - son commandement le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 15, 12). Vous serez les amis du Christ si vous faites ce qu’il vous commande, c’est-à-dire répandre l’amour dans le monde en le vivant et en l’enseignant aux hommes de notre temps.

Chers amis, par l’ordination sacerdotale, vous serez investis du ministère presbytéral pour l’Église toute entière, et c’est ce ministère-là qui doit modeler votre vie et forger votre sainteté. Tournons-nous vers la Bienheureuse Vierge Marie, Étoile de l’Évangélisation, modèle parfait de toute vie apostolique, sacerdotale. Confions nos 12 jeunes qui seront ordonnés prêtres tout à l’heure à sa bienveillante protection. O Marie, Reine des Apôtres, accueille et accompagne nos 12 nouveaux prêtres dans le don total de leur vie. Protège-les de tout mal, protège leur croissance et leur ministère. Amen !

+Philippe Cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou