Textes : Eph 2,4-10 ; Jn 2, 1-11

Bien chers frères et sœurs en Christ,

Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous !

Béni soit Dieu qui nous donne la joie de nous retrouver aux pieds de la Vierge Marie notre Mère, pour vivre, en cette Année de la Miséricorde, ce pèlerinage en tant que groupe spécifique, celui du troisième âge. Notre groupe, puisque je suis aussi du troisième âge, concerne les personnes âgées de 55 ans et plus. Après une vie socio-personnelle active, une vie militante au service de l’Église et de la société, les personnes du troisième âge ont besoin de mener une vie spirituelle adaptée à leur nouvel état de vie marquée par la retraite, la vieillesse ou la maladie... D’où la nécessité de les accompagner et de les aider à assumer les exigences de leur baptême.

Dans l’Église, historiquement, le Mouvement Chrétien des Retraités (Vie Montante) est né officiellement en 1962 à partir de l’expérience d’un groupe de Laïcs qui se réunissaient depuis 1951 en France à Paris, pour prier et réfléchir à la vocation des anciens dans l’Église. C’est ainsi que ce mouvement, né pour les retraités et pour les personnes du troisième âge, sera reconnue officiellement dans l’Église. Le mouvement a pour objectifs : aider ses membres à développer une vie spirituelle selon leur état de vie, créer des liens d’amitié, d’entraide et de solidarité entre ses membres et entre les différentes générations, s’engager dans les activités ecclésiales et dans les activités sociales et civiques par lesquels les chrétiens ont à témoigner du Christ et des valeurs humaines et évangéliques.

Dans notre réalité ecclésiale, le Mouvement Chrétien des Retraités (MCR) ou Vie Montante, avouons-le, n’existe pas de façon formelle, mais les personnes du 3ème âge ont plus que jamais besoin d’être organisées et accompagnées pastoralement pour tenir fermes dans la foi et apporter leur pierre à l’édification de notre Église Famille diocésaine. Je remercie M. l’abbé Marius KINDA qui essaie de les organiser autour de quelques activités comme le présent pèlerinage que nous vivons.

Dans l’Église, le pèlerinage est un des signes privilégiés des Années Saintes et revêt donc une signification particulière dans ce contexte du Jubilé de la Miséricorde. La miséricorde divine est un but à atteindre et cela demande engagement et sacrifice inhérents à l’esprit du pèlerinage. Le pèlerinage entrepris individuellement, en famille ou en groupe, se situe dans le sillage de la pénitence et de la conversion. En vivant donc cette démarche de foi en ce jour, entrons dans une attitude de pénitence et de conversion pour faire l’expérience de la Miséricorde divine dont parle Saint Paul dans la lettre aux Éphésiens. « Dieu est riche en miséricorde; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés » (Eph 2,4-5). En la personne du Christ, en effet, Dieu nous a manifesté son amour et sa miséricorde, nous rachetant par sa passion-mort-résurrection et nous faisant partager sa vie; c’est un amour gratuit et sans aucun mérite de notre part.

Aux noces de Cana, le Christ, « Visage de la miséricorde du Père » (M.V, n.1), manifeste à l’endroit des mariés en détresse, l’amour de Dieu par le miracle de l’eau changé en vin. Ce récit est souvent interprété de façon symbolique comme l’alliance nuptiale entre Dieu et l’humanité, entre le Christ et l’Église, communauté des croyants; il s’agit d’une alliance d’amour infini entre Dieu et les hommes.

La place de la Vierge Marie, Mère de Miséricorde est ici mis en relief. Elle ne reste pas insensible à la détresse des mariés ; c’est pourquoi, elle intercède en la faveur et invite les serviteurs à l’obéissance, à la disponibilité et à l’accueil de la Parole de son Fils. « Faites tout ce qu’il vous dira », leur dit-elle avec confiance.

Chers frères et sœurs, la Parole de Dieu de ce jour nous invite à nous laisser profondément toucher par l’amour et la miséricorde de Dieu, à lui rendre grâce et à répondre à ce grand amour par une vie qui lui plaise. Nous, personnes du 3ème âge, à la relecture de notre vie, nous nous rendons compte que nous sommes constamment l’objet de l’amour de Dieu : la vie (relativement longue), la santé malgré le poids de l’âge, la carrière professionnelle, les enfants et bien d’autres choses…Tout cela constitue pour nous des signes de l’amour de Dieu. « Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu, cela ne vient pas de vos actes… », pouvons-nous dire au regard de la Providence du Seigneur au cœur de notre existence. Au cœur de la souffrance, de la maladie et de l’épreuve, la conviction de faire l’objet d’un si grand amour de la part du Seigneur, devrait toujours nous animer et nous aider à ternir fermes et inébranlables dans la foi car Dieu est toujours là.

Le troisième âge est une étape où l’homme se sent faiblir physiquement, surtout à un âge avancé. Psychologiquement, cette étape peut être vécue dans la souffrance morale parce que l’on se sent diminué et incapable de bien de choses que l’on accomplissait allègrement à un âge plus jeune. C’est un temps d’épreuve et de fragilité à assumer et vivre dans la foi, l’humilité pour offrir patiemment ses souffrances au Seigneur et ce, en signe de pénitence et en réponse à l’amour de Dieu. Dans notre vie, apprenons à unir nos souffrances à celles du Christ pour le pardon de nos péchés, la conversion des pécheurs et le salut du monde. Pour ce faire, il nous faudrait contempler le Christ souffrant et apprendre comme Marie, notre Dame des douleurs, à intégrer dans le quotidien de notre vie, le mystère de la croix et de la souffrance. C’est cette disposition intérieure qui montre que nous avons véritablement accueilli le Christ et que nous sommes ses disciples.

Pour finir, les personnes du troisième âge souffrent en général de la déchéance morale de notre société. L’idéal de vie vertueuse et de foi, la discipline, le goût de l’effort et du succès, valeurs inculquées à la progéniture au prix d’énormes sacrifices, n’ont pas toujours porté les fruits escomptés et cela peut être source de souffrance et de découragement. Dans de telles situations souvent dramatiques et complexes, la prière demeure notre arme et il faut y recourir dans la confiance et l’abandon total à Dieu qui peut tout. Avec votre sagesse et votre expérience d’anciens, je vous exhorte à indiquer inlassablement à vos enfants à vos petits enfants et aux jeunes générations, le chemin de la vertu et du bien même si vos efforts ne semblent pas porter du fruit, même s’ils ne vous écoutent jamais. Indiquez-leur le droit chemin; c’est ce qui est de votre devoir et de votre pouvoir. Le reste et l’impossible, seul Dieu dans son grand amour, s’en chargera et y pourvoira.

Chers frères et sœurs, en cette année de la Miséricorde, je souhaite que ce pèlerinage, démarche de foi et de pénitence soit source de grâces et de croissance spirituelle. Daigne la Vierge Marie, vous assister et vous soutenir constamment, pour qu’à travers votre état de vie, vous puissiez faire l’expérience de l’amour de Dieu et à en être les véritables témoins dans vos milieux de vie. Saint et fructueux pèlerinage à tous et à toues !

+Philippe cardinal OUEDRAOGO,
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou

 

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